jeudi 25 octobre 2007

PROFESSION CORRUPTEUR

Tentative de définition du lobbying


Le terme « lobby » est un terme d'origine anglaise et signifie « vestibule » ou « couloir » en français. Ce terme est entré dans le cadre politique dans la première moitié du dix neuvième siècle en Angleterre où il désignait alors les couloirs de la Chambre des Communes où les membres des groupes de pression pouvaient venir discuter avec les parlementaires.

Pourtant, si la définition d'un lobbyiste en 2007 peut paraître simple - à savoir une personne dont la profession est d'influencer les décisions des hommes politiques, généralement pour le compte de grands groupes privés - Roger Lenglet insiste sur la difficulté à définir le lobbying.

Tout d'abord comment faire la frontière entre d'un côté la corruption, et de l'autre la sensibilisation, la commercialisation, la simple séduction? Afin de distinguer ces notions Roger Lenglet indique que le corrupteur défend des intérêts particuliers, en se fondant sur une puissance financière lui permettant de peser sur les décisions politiques : agissant comme un commercial, il travaille à base d'argumentaires, de « cibles », de campagnes de communication, de fausses expertises afin de gagner des parts de marchés, parfois au mépris de la santé publique (lobbys pour l'amiante, le tabac, affaires de la vache folle ou de Tchernobyl, ou aujourd'hui lobbys défendant les OGM ou les ondes électromagnétiques).

Par ailleurs, les lobbys se cachent aujourd'hui derrière des couvertures plus « politiquement correctes » : bureau d'étude, cabinets de consulting, bureau d'architectes, de conseil juridique ou économique, cabinets d'expertise, conseil en urbanisme...d'où une visibilité difficile de l'état réel de la corrruption : la corruption « new age » n'a rien à voir avec l'image traditionnelle que l'on se fait d'elle. Loin de l'image hollywoodienne de porteurs d'enveloppes ou de gros bras dignes de la mafia, le corrupteur d'aujourd'hui est avant tout un commercial séducteur qui cache son job de corrupteur derrière une façade de pseudo-expert et qui se base sur des argumentaires commerciaux pour nous informer, grâce à des shémas ou à un jargon scientifique, que le nuage toxique de Tchernobyl s'est arrêté à la frontière française ou que l'amiante n'est pas dangereuse.


Description du lobbying new age en France


Le phénomène de la corruption en France est loin d'être marginal. Selon les rapports de Transparency International la France se distingue avec la Grêce, le Portugal et l'Italie pour ses mauvais indices concernant les pratiques clientélistes, anticoncurrentielles et frauduleuses.

Selon les lobbyistes que Roger Lenglet a interrogé, il y aurait en France entre 1000 à 10 000 personnes en France dont le job à plein temps serait de corrompre des élus ou des hauts fonctionnaires. Selon l'un d'eux chaque multinationale aurait un corrupteur par région et par secteur. Cette corruption est notamment importante dans la construction, la grande distribution, l'eau, l'énergie, la communication, l'agro-alimentaire, les déchets, l'éclairage public, la chimie, les assurances, les alcools, la restauration collective ou le chauffage urbain.

Si la France disposait d'un vrai dispositif de lutte contre ces corruptions, le prix des facturations des marchés publics baisserait de 20 à 30 %, soit une baisse de plus de trente milliards d'euros annuels du prix de ceux-ci, de quoi renflouer tout le système de protection sociale, ou pourvoir les budgets de l'éducation, de la santé et de la justice.

Selon l'Observatoire des risques juridiques des collectivités territoriales 850 élus et fonctionnaires territoriaux ont été mis en examen en 1999, une centaine l'ont été pour avoir violé la législation encadrant les marchés publics.

Ces cas sont loins d'être marginaux : tout le monde connait les affaires Michel Mouillot, Pierre Botton, Michel Noir, Alain Carignon. La plus illustrative de celles-ci est l'affaire des marchés publics concernant les lycées d'Ile-de-France qui ont vu Suez, Eiffage, Bouygues ou Vivendi verser près de 150 millions d'euros aux principaux partis politiques institutionnels en vue de l'obtention de marchés publics.

Selon un lobbyiste interrogé la loi de décentralisation de 1982 aurait fait d'eux des « seigneurs » : la gestion des services communaux par des délégataires privés est une véritable manne pour les corrupteurs, car elle a institué des nouveaux marchés potentiels. Il affirme par ailleurs que c'est dans les affaires de pots-de-vin que les remises de peine sont les plus fréquentes.

Dans le domaine de la santé, les lobbyistes siègent à l'AFSSAPS (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) dans des commissions qui leur permettent d'intervenir dans le processus d'autorisation de mise sous le marché de leurs propres médicaments! Certains lobbyistes affirment aussi créer des fausses associations de malades pour faire pression afin d'autoriser la mise sur le marché de leurs médicaments. Cette situation peut inquiéter, d'autant que seule la revue Prescrire, seule revue médicale indépendante, effectue des contre-expertises sur les médicaments mis sur le marché.

Le lobbying s'exprime par le biais de « plans de corruption » qui visent à assouplir des réglementations, obtenir une loi ou une circulaire favorisant un marché, faire obstacle aux projets contre certaines dérives, favoriser des complaisances sur des trafics, s'emparer de marchés publics, fausser les appels d'offre, écarter un concurrent ou l'absorber plus facilement, entretenir une source d'information, peser pour retarder certaines décisions (amiante, pesticides, ondes électromagnétiques, OGM...), faire pression sur des experts...

Pour ce faire les « full-time » corrupteurs faussent les appels d'offres pour les marchés publics, en versant des dessous-de-tables aux membres d'une commission d'appel d'offres; corrompent des juges ou des experts scientifiques; une des personnes interrogée par Roger Lenglet affirme que les lobbyistes sont partout où il y a des marchés publics et de la concurrence.

Corrupteur professionnel


Si l'expression de « corrupteur professionnel » utilisée par Roger Lenglet peut paraître provocatrice, car elle insinue que des personnes emploieraient l'intégralité de leur temps de travail à corrompre, la lecture de son ouvrage justifie son utilisation.

Le lobbying s'enseigne pourtant dans des écoles de lobbying ou dans des formations dans ce domaine : il existe ainsi des masters en « représentation des intérêts » ou en lobbying. Le but est d'apprendre comment influencer les politiques ou l'opinion publique en y mettant des formes (déontologie, morale, ou en associant des acteurs à ses démarches pour être plus influent). Même l'Institut catholique de Paris dispense un master en lobbying! Dans ces écoles des lobbyistes, appelés parfois « parrains », interviennent. Il y a même des voyages d'études à Bruxelles, Strasbourg, Londres, au Luxembourg ou en Suisse!

Dans son livre Roger Lenglet développe la thèse selon laquelle des personnes sont employées quotidiennement, souvent par des grandes entreprises privées, afin de corrompre des élus, des fonctionnaires ou des experts. Ce professionnalisme s'exprime dans le fait qu'il existe une spécialisation des tâches par secteurs ou par activité (pots de vin, menaces, opérations commandos...).

Ce job semble par ailleurs bien rémunéré : un des lobbyiste interrogé affirme toucher 150 000 € par « contrat » (mission de corruption), un autre énonce diverses primes : 1 000 € pour casser un bras, 2000 € pour casser une jambe, 8 000 € pour casser un crâne...

Professionnalisme aussi dans les méthodes : citons ainsi la « gestion de crise » qui consiste à communiquer dans des cas de mise en danger des intérêts de la famille (« si ce médicament a causé tant de morts en deux mois, c'est la faute à le conjoncture astrologique... »); le « service après-vente » qui consiste à éviter de mouiller les commanditaires, par le biais notamment de la stratégie du bouc-émissaire qui consiste à faire endosser à un volontaire un délit organisé, c'est-à-dire à faire croire que les déviances liées à un système organisé de corruption ne serait le fait que d'une déviance individuelle.

Par ailleurs les corrupteurs professionnels s'informent régulièrement par le biais d'indics qu'ils corrompent dans différents domaines (renseignements généraux, banques...) et utilisent tout un matériel digne de James Bond pour traquer leurs proies ou les piéger.

Un des corrupteurs résume parfaitement le rôle des corrupteurs professionnels : « la corruption punie est une goutte d'eau dans l'océan de la corruption réelle. Mais mon métier est d'éviter à mes clients de faire partie de la goutte d'eau ».


24 heures dans la vie d'un corrupteur


L'enquête de Roger Lenglet permet de se faire une idée précise de l'état de la corruption en France. Elle décrit tout d'abord les corrupteurs comme des personnes discrètes, désireuses de rester dans l'ombre; elle les dépeint aussi comme des bons-vivants, sympathiques, qui tutoient facilement et dotés d'un sens de l'humour...de quoi occulter la réalité du lobbying en France, et de quoi séduire leurs victimes.

Un des corrupteur indique que son job commence toujours par une « étude d'environnement » qui consiste à s'informer sur les failles du corrompu potentiel, à faire des filatures ou des écoutes téléphoniques, à utiliser tout un réseau d'Huggys les bons tuyaux de services (flics, agents de banque, RG...), à partir de là un plan d'attaque, une stratégie est établie pour manipuler la victime et rendre efficace la corruption. L'auteur indique que l'accusation de détournement de mineur est notamment la plus efficace. Notons que le corrupteur interrogé est un ancien des RG. Ca n'est pas le seul.

L'auteur décrit aussi des « opérations commandos ». Le but est de racheter par exemple une entreprise. Afin de pouvoir racheter à un tarif plus que raisonnable un des corrupteur décrit la méthode : démoraliser la victime. L'équipe du corrupteur va ainsi un soir dans un chantier. Des lors l'équipe détruit des machines et sabote les camions. Pour brouiller les pistes ils laissent des inscriptions racistes ou écologistes selon les cas (pour installer des éoliennes ils vont jusqu'à tuer les animaux de membres d'une association de défense des oiseaux). Dès lors la victime est plus à même à discuter, à un prix diminué. Dans le contrat de vente il y a pourtant une surprise : une clause pour faire un audit du bien afin de réviser encore le prix, cet audit étant réalisé par un expert...corrompu bien évidemment.

L'auteur décrit d'autres « éco-attentats ». Il cite ainsi l'exemple de lobbyistes qui vont saboter des installations d'eau d'une commune qui gère son eau en régie municipale. Quelques jours après le sabotage, la commune signe un contrat avec une multinationale de l'eau...

D'autres moyens : corrompre les banquiers, les juges des tribunaux de commerce ou les avocats en les menaçant ou en leur donnant de la « camomille ». Cette « camomille » ne consiste pas qu'en de l'argent. Il peut aussi s'agir de piston ou de promotions.

La corruption s'exprime aussi par des avantages en nature : appareils stéréo, meubles, bijoux, voyages, autos, services gratuits...

La corruption peut aussi viser des experts : en contre-partie de crédits, de colloques ou de facilités à publier des écrits, certains experts acceptent d'orienter leurs travaux. L'auteur relate aussi l'expérience de l'ex-socialiste Claude Allègre, alors ministre, qui a tout fait pour orienter la recherche vers plus de rentabilité en favorisant celle qui pouvait satisfaire les industriels au mépris de la recherche fondamentale.

L'auteur indique aussi que certaines entreprises corruptrices espionnent leurs concurrentes en leur envoyant des espions maquillés en femmes de ménages! Celles-ci sont employées par des entreprises sous-traitantes « amis », et permettent de récupérer des documents importants dans les poubelles. Un corrupteur indique aussi qu'il a créé une fausse entreprise de recyclage de papier afin de récupérer des documents toujours parlants des poubelles des concurrents!

Au cours de son enquête un des corrupteurs décèdera par ailleurs d'un arrêt cardiaque (tous les témoins interrogés sont anonymes de peur de représailles fatales). Afin de commenter ce décès ces collègues expliquent combien il est simple de provoquer ce type de mort.


Le pantouflage, ou comment se créer un réseau


La corruption n'est cependant pas toujours aussi morbide ou exotique. Une autre forme de corruption consiste à récupérer le réseau, le savoir-faire et les connaissances acquises par les hauts fonctionnaires du public. Cette pratique a un nom : la pantouflage qui consiste à quitter le public pour aller dans le privé, avec des situations souvent proches du conflit d'intérêt.

Cette pratique est d'autant plus simple que les « pantoufleurs » peuvent voir leurs salaires doubler, tripler voire décupler en passant dans le privé, sans compter les commissions. Elle peut viser des hommes politiques, des flics, des contrôleurs des finances, des magistrats des brigades financières, des membres des RG...

Roger Lenglet cite quelques célèbres comme Georges Pompidou qui fit quelques allées retour entre le Gouvernement et la banque Rotschild. Il cite aussi le cas d'Elisabeth Hubert qui fut ministre de la Santé du Gouvernement Juppé et qui fut recruté dès son éviction par les laboratoires Fournier pour un salaire proche de 150 000 € annuels. Il narre aussi le cas de Thierry Breton qui démarchait déjà les multinationales pendant la campagne électorale de 2007 ou plaçait ses hommes à des postes clés avant de quitter son poste de ministre. Il raconte aussi le cas de Bernard Kouchner qui prit contact avec Daniel Vial, lobbyiste proche des laboratoires pharmaceutiques pour qu'il lui trouve un job, mais Nicolas Sarkozy fut plus rapide. Il relate aussi le cas de leaders écologistes qui ont des bureaux d'étude travaillant pour des pollueurs et qui apportent leur caution et leur expertise à des projets allant à contre-courant de leurs convictions.

Mais Roger Lenglet s'attarde sur le cas d'Eric Besson. Celui-ci fit des allers-retours entre la vie parlementaire à un poste directeur d'une multinationale (Vivendi, avec un salaire annuel pour 2001 de 140 418 €). Au-delà de ce cas l'auteur s'interroge sur le nombre de responsables socialistes en conflits d'intérêt du fait de leurs liens avec des grands groupes (contrats de travail, missions rémunérées, investissements financiers, postes de faux chargé de mission).

Mais si ces cas de pantoufleurs « VIP » sont notables, le pantouflage « d'en bas » l'est aussi. Le fait pour une multinationale de débaucher un contrôleur des finances permet de connaître les petits « trucs » pour passer entre les mailles du filet ou d'avoir un porteur d'enveloppe inspirant confiance lorsqu'il proposera des pots-de-vin à ses anciens collègues. Même situation pour le débauchage des magistrats : c'est plus facile de corrompre les juges. De même le débauchage des magistrats des brigades financières permet de connaître les failles de la justice ou les méthodes de celle-ci. Quant au débauchage des membres des RG, c'est tout un réseau de contacts et des méthodes qu'on acquiert.

Il existe une autre forme de pantouflage qui consiste à embaucher un proche d'un homme politique (relation, parent).


Les lobbys au Palais Bourbon


Interrogée par Rue 89, Séverine Tessier, présidente d'Anticor, nous fait une description du lobbying au sein de l'Assemblée Nationale (http://www.rue89.com/2007/06/22/les-lobbies-encadres-par-les-deputes) : cela commence à l'élection par une lettre de remerciement, suivie par une invitation au restaurant, par des voyages d'études dans destinations exotiques, des colloques tous frais payés pour « sensibiliser » sur certains thèmes, ou même des invitations pour des compétitions sportives (exemple Suez lors de la Coupe du Monde de football 2006...un peu avant les tractations sur une fusion GDF-Suez). Toutes ses pratiques ont notamment été dénoncées par Vincent Nouzille et Hélène Constanty dans leur ouvrage « Députés sous influence ».

Dans ce livre ils dénonce les méthodes utilisées par certains lobbyistes pour faire passer leurs messages : trafic de badges d'accès, recrutement d'assistants parlementaires, interventions payantes lors de colloques, rédaction d'amendements « prêts à l'emploi », « groupes d'études » téléguidés, création de « clubs » thématiques, organisation de voyages et de missions parlementaires à l'étranger...

Séverine Tessier décrit aussi le lobbying dont sont victimes les assistants parlementaires : leur profession étant peu encadrée, le fait qu'ils s'occupent de la rédaction de textes législatifs et sont au coeur de la vie parlementaire en font des proies pour les lobbys qui leurs proposent des « vacations rémunérées » sous couvert de missions de conseil en contre-partie de la production d'amendements législatifs à leur bénéfice et d'une situation de veille sur la vie parlementaire.

Au Palais Bourbon, les lobbys sont interdits mais pas les bureaux d'étude...qui bénéficient de badges d'accès (en tant que « collaborateurs parlementaires ») et peuvent même entrer dans des lieux interdits aux assistants parlementaires! Sous couvert de l'excuse de technicité des dossiers (en tant que personnalités « qualifiées ») viennent ainsi noyauter les lieux de décision, rédigent des lois clés en main et installent une veille parlementaire pour surveiller la production législative et veiller au bon passage de leurs projets.

Une méthode de pression : « le colloquing » qui consiste à organiser des colloques à la maison de la chimie notamment, avec un partenariat parlementaire-entreprises privées-lobbys (M & M conseil, Boury et associés, Agora europe) lors de ceux-ci.

Le « clubbing » permet de faire entrer des intérêts particuliers dans la vie parlementaire par le biais de clubs de députés. Des voyages sont à gagner : certains députés racontent ainsi comment ils se sont retrouvés à faire le VRP de multinationales, au mépris de la loi, lors de ces voyages à l'étranger.

Au niveau gouvernemental, Roger Lenglet indique que la désignation des membres du Gouvernement donnerait lieu à une répartion des parts de gateau entre les différents lobbys. Situation déjà décrite par Olivier Toscer dans son livre « Argent public, fortunes privées » où il décrit le financement des campagnes législatives de députés par des lobbys. Toutes les personnes aidées sont devenues ministres depuis, quelque soit leur bord politique.

La corruption vise aussi l'armement : ainsi dans les années 80 l'affaire Luchaire vit le versement de commissions occultes au PS en contre-partie de ventes d'armes à l'Iran. Depuis même si l'affaire des frégates de Taiwan fut sur-médiatisée, la corruption régulière fait son oeuvre : sous couvert de « frais commerciaux exceptionnels » les commissions versées financeraient les partis politiques au pouvoir, selon Roger Lenglet ces commissions atteindraient 10 à 15 % de la somme totale, et peuvent passer par le biais des rétrocommissions qui consistent à surfacturer les contrats afin d'y inclure les dessous-de-tables.

Europe et corruption


L'Union européenne se distingue pour sa grande ouverture aux lobbys : il y a à Bruxelles près de 15 000 lobbyistes répartis sur 3 à 4 km carré, soit un lobbyiste pour deux eurocrates. Cette situation découle du caractère technocratique de l'Union européenne qui s'exprime ainsi dans le fait que la Commission européenne ouvre le pouvoir d'initiatives des lois à des lobbyistes qui se cachent derrière le masque de pseudo-experts.

Ce rôle des lobbys s'est ainsi exprimé dans différents textes : traité constitutionnel européen, PAC, directive REACH sur la pollution chimique (bien remaniée par les lobbys).

Mais le pantouflage touche aussi les plus hautes sphères européennes : de nombreux commissaires européens ont ainsi cumulés leur fonction avec un autre poste – ou ont été débauchés au terme de leur « mandat » - avec des situations proches du conflit d'intérêt : Ricardo Perissich (Pirelli), Leon Brittan (Unilever), Karel Van Miert (Philips, Swissair), Etienne Davignon (Société générale), François Ortoli (Elf), Peter Sutherland (BP).

Cette situation est d'autant plus inquiétante que les institutions européennes ne font rien face à cette situation : ainsi lorsque Martin Bangemann, chargé des télécommunications, part travailler à Telefonica, il doit se contenter de faire une simple déclaration sur l'honneur indiquant qu'il ne profitera ni de ses réseaux, ni de son savoir-faire acquis!

Sous la commission Santer, celui-ci voulait plus de transparence et fit un audit à ce titre. Le résultat fut surprenant : pots-de-vin, fausses factures, doubles facturations, favoritismes, attributions de marchés sans appel à concurrence, détournements de fonds, emplois fictifs, salaires mirobolants...

Un fonctionnaire néerlandais Vert, Paul Van Buitenen, fit aussi un rapport sur ce même thème, il fut remercié et sanctionné financièrement...

Autre irrégularité : 2,4 millions d'euros d'aide humanitaire déstinée à l'ex-Yougoslavie et à la région des Grands Lacs perçue par une seule société, dissimulée par quatre sociétés-écrans, qui ont atterri dans les poches de onze fonctionnaires de la Commission, alors que les près de 30 millions d'euros restants du programme ont disparu!


Quelques solutions


En 2006, deux parlementaires (Arlette Grosskost et Patrick Beaudouin) ont proposé de légiférer sur le lobbying à l'Assemblée Nationale. Mais leur proposition était minimaliste : elle consistait à soumettre les lobbys à une obligation de déclaration et à une limitation de leur circulation. Pourtant des critiques se sont exprimées sur le fait que cette loi était une reconnaissance du lobbying, et un recul des frontières éthiques.

Une charte éthique pourrait s'imposer aux élus, avec à l'intérieur le refus des cadeaux, des avantages en nature. Les élus jugés pour des délits financiers doivent être inéligibles à vie, au nom de la vertu républicaine : comment peut-on durablement passer au Karcher les petites racailles et passer à l'eau bénite les racailles en col blanc? Et comment interdire l'accès à la fonction publique en cas d'existence d'un casier judiciaire et accepter les plus hautes fonctions à des élus détournant la confiance et l'argent du contribuable?

Il convient aussi d'établir un statut des assistants parlementaires, avec des interdictions quant à leurs fonctions.

Afin de limiter les pantouflages, la loi interdisait à un agent public ayant contrôlé une entreprise de travailler pour elle sous un délai de 5 ans. Ce délai a été récemment ramené à 2 ans. Il convient de revenir à un délai plus long.

Il faut encadrer la pratique des lobbyistes qui n'ont actuellement qu'un code de déontologie, non sanctionné, et se fonde sur l'autorégulation. Il convient de véritablement définir cette profession et déterminer la frontière entre information et corruption. Les entreprises de lobbying doivent voir leurs moyens financiers et leur activité limitées à un certain montant. Les sommes versées à des élus et hommes politiques doivent être déclarées.

Il convient de renouveler la présence de représentants des chambres régionales des comptes dans les commissions d'appels d'offres des marchés publics, qui doivent être mieux contrôlées.

La République a pour but de défendre l'intérêt général. A ce titre les intérêts particuliers doivent être écartés des choix publis car lorsque les intérêts particuliers s'affrontent c'est la loi du plus fort qui domine, et le plus fort en, la matière, c'est l'argent.

La corruption vit dans un sentiment d'impunité en France. Il convient d'y remédier.


mardi 16 octobre 2007

PETROLE AFRICAIN : SILENCE, ON DETOURNE

S'il y a bien un domaine dans lequel la France ne connaît pas de "rupture" c'est bien la Françafrique, à savoir le soutien et la participation de la France à l'affairisme et à des dictatures en Afrique. Déjà dans son ouvrage "la Françafrique" François-Xavier Verschave avait décrit de manière concrète ce système. Mais dans son ouvrage "Afrique, pillage à huis clos" le journaliste d'investigation Xavier Harel décrit les détournements de pétrole au Congo-Brazzaville. Une enquête pertinente démontrant le caractère organisé des détournements et la passivité face à ces agissements.

Carte postale du Congo-Brazzaville

Le Congo-Brazzaville est un des principal producteur de pétrole africain. Malgré l'existence de la manne pétrolière les deux tiers des congolais vivent sous le seuil de pauvreté (soit moins de 1 dollar par jour), l'espérance de vie y est de 52 ans.
A l'origine de ce décalage : l'opacité des transactions financières en Afrique qui a attiré certains de nos meilleurs patrons (Bolloré, Bouygues...) : l'Afrique est en effet un véritable triangle des Bermudes financier.
Ainsi concernant le pétrole congolais tous les ans des milliards de dollars de revenus pétroliers s'évaporent mystérieusement.
Le Congo est dirigé par Denis Sassou Nguesso, patron de 47 entreprises qui se voient souvent attribuer des marchés publics. Afin de mieux décrire ce chef d'Etat surnommé par certains « le marxiste en Cardin », narrons une petite anecdote. En 2005 l'ONU a fêté ses 60 ans et a organisé un congrès dont un des thèmes principaux était la lutte contre l'extrême pauvreté. Denis Sassou Nguesso était logé dans un hôtel où sa suite lui coûtait 8 500 dollars par nuit. Au terme de ce séjour 81 000 dollars ont été versés rien que pour sa suite, 295 000 pour le reste de la délégation et 51 000 dollars rien que pour la réservation. La moitié de ces sommes a été acquittée en liquide. Denis Sassou Nguesso est l'archétype du chef d'Etat africain affairiste et multimillionnaire.
Le système de l'évaporation du pétrole est très bien organisé : sociétés écrans, détournements, pots-de-vin ou paradis fiscaux y interviennent.

Détourner l'argent du pétrole : un jeu d'enfant

Le Congo-Brazzaville étant un des pays les plus endettés du monde, le FMI peut lui accorder le statut de pays pauvre très endetté (PPTE) qui permet un allègement substantiel de sa dette. Afin d'être éligible à ce statut le FMI oblige à un audit des comptes de l'Etat, notamment une étude des ressources pétrolières du pays. Un cabinet indépendant, KPMG, est sélectionné. Après de nombreux retards et bâtons dans les roues, le Gouvernement publie une étude compliquée et incompréhensible au commun des mortels. Cependant KPMG constate qu'entre 2003 et 2005 près d'un milliard de dollars de revenus pétroliers ont été « oubliés » par les autorités congolaises dans leurs comptes!
Une étude plus précise du cas congolais prouve l'existence d'un véritable système de détournement des revenus du pétrole.
Dans ce système, la SNPC joue le rôle de boîte noire. A l'origine cette compagnie a été créé en 1998 dans le but de rendre au Congo-Brazzaville son autonomie pétrolière. Pourtant face aux créanciers du pays, ses dirigeants décident de créer des sociétés écrans afin d'éviter toute saisie du pétrole, toutes ces sociétés (Sphynx UK, Sphynx Bermuda, SNPC UK, AOGC...) sont domiciliées dans des paradis fiscaux et permettent de privatiser les revenus pétroliers. Les pratiques sont simples : conflits d'intérêt, plus values étonnantes (achat en-dessous du cours mondial, revente au prix normal), commissions vertigineuses. Notons qu'un des fils du Président Sassou Nguesso est directeur général adjoint d'une des sociétés écrans, l'AOGC.
Ces détournements permettent des enrichissements personnels mais aussi un manque à gagner fiscal pour l'Etat congolais, et donc pour ses services publics, car le pétrole représente 75 % des recettes fiscales de l'Etat.

Elf ou le père spirituel de l'affairisme africain

Selon André Guelfi, un des intermédiaires d'Elf, « si la justice devait mettre en prison tous ceux qui ont touché de l'argent d'Elf, il n'y aurait plus grand monde en France pour former un gouvernement ».
Depuis l'indépendance du Congo en 1960, Elf (Elf Aquitaine devenue ensuite Total après l'absorbtion par TotalFina en 2000) a été à l'avant garde de l'affairisme par ses détournements, corruptions, ingérences politiques et achats d'armes.
Crée en 1965, cette entreprise fut instituée entre autres dans le but d'être un service de renseignement (son premier dirigeant était un ancien des services secrets), être un organe de diplomatie occulte, elle a fait aussi la promotion de certains dirigeants (Bongo, Biya).
Le système Elf comportait trois étages.
Elf payait ainsi des frais de reconnaissance ou des « bonus » pour exploiter un territoire. Dans les faits ceux-ci donnaient lieu à de la corruption voire des détournements : ainsi Denis Sassou Nguesso a bénéficié de nombreux bonus.
Les « abonnements » qui sont des commissions versées sur le compte personnel de chefs d'Etat africains pour chaque baril vendu! Selon le juge Van Ruymbeke ces sommes atteignent une soixantaine de millions de dollars par an.
Le « préfinancement » est un prêt financier en contre partie de droits sur des barils de pétrole encore enfouis.
Grâce à des montages financiers astucieux, des bénéfices importants pouvaient être réalisés par un jeu de taux d'intérêt avec la complicité des banques suisses, de nombreux intermédiaires se voyaient gratifiés.
En outre pour compliquer le tout Elf avait différentes filiales : Elf Aquitaine, Elf Congo, Elf Gabon, Elf Trading, FIBA. L'entremêlement des liens entre ces filiales étant ce qu'il est Elf trichait sur la quantité et la qualité du pétrole afin de mentir sur le prix du pétrole et avait quelques cargaisons fantômes toujours pour dissimuler une part du pétrole des comptabilités officielles.
Retenons, simple information, qu'Elf Afrique fut longtemps dirigée par André Tarrallo, ami de Charles Pasqua.

Petits business français

Il s 'agit tout d'abord de l'entreprise Total.
Au retour au pouvoir de Denis Sassou Nguesso celui-ci souhaite revenir sur une transaction réalisée entre son prédecesseur et le Groupe Total. Après près de cinq ans de bataille judiciaire un arrangement est convenu, Total cédant ainsi à l'Etat un gisement pour un franc symbolique. Cependant ce gisement n'est pas confié à l'Etat mais à une entreprise privée, Likouala SA, contrôlée par une entreprise résidant dans les Iles Vierges (et dont l'administrateur est un salarié de...Total), financée par BNP Paribas.
Selon l'ONG Save the children Total se classerait 21ème sur 25 dans le classement des compagnies pétrolières les plus transparentes au monde.
Il s'agit aussi de BNP Paribas.
Pour illustrer le rôle de cette banque, première au monde dans le financement des matières premières, il suffit de narrer le règlement en 2002 d'une dette vis-à-vis du Zaïre. Afin de la régler le Congo-Brazzaville fait intervenir huit entreprises domiciliés dans six pays différents dont deux paradis fiscaux, BNP accorde 45 millions de dollars en contre partie d'une rente sur le pétrole. La participation d'une quinzaine d'intervenants permet d'importantes commissions et des détournements. Une plainte a été déposée par un fond d'investissement américain pour détournement. La facture promet d'être plus importante que pour l'affaire Executive life.
BNP Paribas a ainsi prêté des milliards de dollars contre la rente pétrolière. Dans ses montages financiers apparaissent les sociétés écrans liées au détournement du pétrole congolais. Ces prêts sont on ne peut plus avantageux : la BNP participe à l'évaporation des revenus du pétrole, bénéficie de frais et de commissions liées aux transactions ainsi que d'intérêts.

Petites affaires africaines et françaises

Lors de la guerre civile de 1997, une épuration ethnique est réalisée dans le Sud du Congo-Brazzaville. Ainsi près du port de Beach des centaines de personnes sont assassinés de manière violentes avant d'être brûlés.
Des centaines de familles portent plainte en France, une procédure est ouverte mais aucune enquête n'est diligentée. Mais suite à une enquête de la FIDH le directeur général de la police congolaise, Jean-François Ndengué, est arrêté. Les documents diplomatiques ne sont pas en règle (problème de date et précision de sa mission), le juge reçoit des pressions hiérarchiques, toutes ses demandes sont retardées. A deux heures du matin, la présidente de la chambre d'instruction de la Cour d 'appel est réveillée en urgence afin de statuer sur le cas. Elle infirme la décision de mise en détention et ordonne la libération du prévenu qui ne se prive pas de prendre directement l'avion pour quitter la France. Afin de calmer les tensions le Congo-Brazzaville décide d'éclaircir la situation par un procès. Dans la salle d'audience les partisans du Président, parfois armés grâce à une tolérance des forces de l'ordre, sont en bonne place alors que les familles des victimes sont souvent hors de la salle. Ceux qui sont à l'intérieur se font huer voire menacer. Au terme l'avocat des victimes est sanctionné. Les prévenus sont blanchis.
Lorsque Denis Sassou Nguesso a été une première fois chassé du pouvoir, son successeur a trouvé dans un coffre un petit carnet où celui-ci mentionnait les versements en liquide à ses amis. Figure en bonne place de ses versements un certain Dominique de Villepin.
Loic Le Floch Prigent raconte aussi toutes les pressions politiques qu'il a subi pour ne pas témoigner lors du procès Elf. Il cite ainsi Bernard Pons, Jacques Toubon ou Jacques Chirac. Il affirme qu'Elf avait une caisse noire pour les gaullistes.
La Chine n'est pas en reste. Même si elle a aidé certaines armées de libération (Angola, Mozambique), sa doctrine est le principe de non ingérence à savoir qu'elle se contente de faire de la realpolitik et de la coopération sans condition. De quoi ôter toute mauvaise conscience, elle est en cause dans le conflit au Darfour et 10 % des armes vendues en Afrique viennent de Chine.
Au Nigéria une police, la MOPOL, est affectée à la surveillance et à la sécurité des installations et personnels pétroliers. Elle prévient aussi de la pratique du bunkering qui consiste à voler le pétrole dans les pipelines.
Cette pratique dangereuse a fait des centaines de morts, carbonisés. Toujours est-il que les compagnies pétrolières ne culpabilisent concernant les pollutions qu'elles peuvent créer.
Le Gabon mériterait de même une étude aussi approfondie que le Congo-Brazzaville. Ce pays est le plus grand importateur de champagne au monde, il a le deuxième PIB par tête le plus élevé d'Afrique. Et pourtant ce pays est endetté et la France a fait le forcing pour qu'il bénéficie d'annulations de dettes! Charles Pasqua alors président du Conseil général des Hauts-de-Seine consacrait lui 1 % du budget à la "coopération décentralisée" avec pour premier bénéficiaire le Gabon pourtant pays pétrolier! Annuellement des millions d'euros sont débloqués. Coincidence? les marchés publics destinataires de ces fonds concernent toujours un même homme d'affaire, Hassan Hejeij. Sûrement un personnage né sous une bonne étoile.

Les Etats Unis, nouveaux venus sur l'échiquier africain

Au vu des troubles au Moyen Orient, les Etats Unis se sont de plus en plus intéressés au pétrole africain, notamment après le 11 septembre 2001. Au-delà d'aspects militaires stratégiques (cf Sao Tomé e Principe), les Etats Unis ont commencé à placer leurs pions sur l'échiquier africain grâce à leurs compagnies qui ont investi spectaculairement au Nigéria, au Tchad, en Angola et surtout en Guinée Equatoriale, malgré les pratiques dictatoriales de son Président qui a confié tous les leviers du pouvoir à des membres de sa famille, et malgré le fait que le pays soit considéré comme un des leaders mondiaux du trafic de drogues dures, ce trafic étant contrôlé par la famille du Président.
La Riggs Bank, banque américaine, joue un rôle majeur dans le détournement de la manne pétrolière : 700 millions de dollars sont ainsi abrités chez elle sur une soixantaine de comptes au nom de la Guinée Equatoriale, dont près de la moitié sont issus des revenus pétroliers; le Président Obiang est aussi titulaire de nombreux comptes ouverts par le biais de sociétés écrans.
Afin de mieux s'implanter les compagnies américaines ont les mêmes pratiques que la France au Congo : dessous de table aux proches du Président notamment. Au coeur de ce système une société, la société Abayak SA. Un journaliste a voulu enquêter sur cette société qui touche d'importants revenus des compagnies pétrolières et en se rendant à son siège social il s'est rendu compte que leurs bureaux étaient vides. D'autres entreprises chargés de différents domaines (sécurité...) touchent d'importants revenus des compagnies. Elles sont toutes à la main de membres de la famille du Président Obiang.
En Angola, même système : chaque année près de 700 millions de dollars de revenus pétroliers s'évaporent (10 % du PIB).

Le rôle des paradis fiscaux britanniques

Londres est le premier paradis fiscal européen, alors que près de la moitié des paradis fiscaux sont reliés à la Grande Bretagne. Ce problème est majeur : les actifs africains volés détenus dans des comptes en banque à l'étranger équivalent à plus de la moitié de la dette externe du continent, le montant des comptes privés s'élève à plusieurs milliards de dollars.
L'exemple le plus illustratif est celui de Sani Abacha. Cet ex-dictateur nigérian a détourné plusieurs milliards de dollars, placés dans des paradis fiscaux. A sa mort, son successeur réclame ces sommes à la Suisse notamment. On découvre alors que cet argent vient notamment de 140 comptes ouverts dans 14 banques, provenant notamment de Londres. Lorsque l'avocat du Nigéria effectue des recherches, les Ministère des affaires étrangères anglais lui met des bâtons dans les roues et prévient les membres de la famille Abacha : dès lors sur les 500 millions de dollars placés, 40 seulement resteront! Et ces 40 millions n'ont toujours pas été restitués.
Ce problème est grave : chaque année 148 milliards de dollars quittent ainsi le continent africain, celui-ci reçoit donc 25 milliards d'euros d'aide au développement annuels alors que près de 150 milliards de dollars le quittent illégalement pour être placés dans des banques européennes.
La Grande Bretagne permet aussi la création de sociétés de convenance grâce à sa législation qui n'oblige pas à déclarer les vrais propriétaires ou actionnaires, un bonheur pour le blanchiment de capitaux. Autre pratique : le mispricing qui permet de minimiser les taxes en sous évaluant des produits exportés (exemples : lance-roquette à 40 dollars, bulldozer à 528 dollars), mais aussi en surévaluant les produits importés (exemple : une pince à épiler à 4 896 dollars), ces ventes faisant ensuite l'objet de confortables rétrocommissions.

L'Afrique, véritable triangle des Bermudes financier, est une véritable aubaine pour les pires politiques et hommes d'affaires européens et africains. Plusieurs mesures s'imposent.
Au niveau judiciaire tout élu corrompu doit être inéligible, les délits financiers ne doivent pas être amnistiés, les entreprises ayant versées des pots de vin doivent être exclues de tout marché public.
En Afrique, un véritable audit doit être fait sur les comptes publics et sur la destination de l'aide publique au développement.
Il faut légiférer sur la pratique des pots de vin. En 1977, le gouvernement français a autorisé les pots-de-vin dans le commerce international. Qualifié de "frais commerciaux exceptionnels" (validés par le Conseil d'Etat) ils consistent à verser une somme à un fonctionnaire ou à chef d'Etat étranger dans le but d'obtenir un contrat. Aux Etats Unis le Federal Corrupt Practices Act a prohibé ces pratiques en 1977.
Sanctionner les entreprises opaques (FIBA, SNPC, Riggs Bank, Abayak SA).
Légiférer sur les paradis fiscaux, moraliser les pratiques (bonus, abonnements, préfinancements).
En prenant ces premières mesures il sera possible de lutter contre les détournements financiers de tout type, de favoriser le développement de l'Afrique et de moraliser la vie politique et économique.

GASTON FLOSSE, L'HOMME QUI VOULAIT ETRE ROI

Réalisé en 1975 par John Huston, avec pour acteurs principaux Sean Connery et Michael Caine, « L'homme qui voulait être roi » est l'adaptation cinématographique d'une oeuvre de Rudyard Kipling. Ce film raconte l'histoire de deux soldats britanniques qui partent à l'assaut d'un pays, le Kafristan, dans le but de créer leur propre royaume. Suite à un pseudo miracle un des deux soldats, Daniel Dravot (Sean Connery), y est proclamé roi.
Si l'oeuvre de Rudyard Kipling, publiée en 1888, n'est pas inspirée de la vie de Gaston Flosse, né en 1931, une observation attentive du personnage de Gaston Flosse et de sa gestion de la Polynésie Française pendant des années justifie ce titre d'homme qui voulait être roi au vu de son autoritarisme, de son mépris des contrepouvoirs et de son sentiment d'impunité à l'égard de la justice.
Cette étude est un résumé de l'ouvrage de Séverine Tessier « Polynésie : les copains d'abord ».

Gaston Flosse et sa biographie

Né en 1931, il a commencé sa carrière comme instituteur avant de devenir assureur. C'est au cours de cette expérience qu'il rencontre Albert Moux, co-propriétaire du quotidien Les Nouvelles de Tahiti et Louis Wan, grand entrepreneur notamment dans le domaine de l'hôtellerie. Des amitiés qui s'avèreront utiles ultérieurement.
Il entre au parti gaulliste en 1958 et entame une carrière politique brillante : maire de Pirae (1965-2000), membre et président du parlement local (1965 puis 1967). En 1984 il devient parlementaire européen et en 1986 secrétaire d'Etat au Pacifique sud du Gouvernement Chirac. De 1984 à 1986 et de 1991 à 2004 il est président du gouvernement de la Polynésie française.
A titre purement informatif signalons qu'en 1996 il a reçu le Grand croix de l'Ordre de Tahiti Nui...ordre créé par lui-même et que Jacques Chirac, ami de trente ans, est le parrain d'un de ses enfants prénommé Jacques.

Quand le roi confond argent public et argent de poche

En 1996, suite à l'arrêt des essais nucléaires, un accord est signé entre la France et la Polynésie qui accorde une aide annuelle de 150 millions d'euros à celle-ci. Quelques semaines après sa réélection en 2002, Jacques Chirac octroie en plus une nouvelle aide de 840 millions d'euros.
Bien que la pertinence de cette aide soit contestée au sein même des Polynésiens, c'est surtout la gestion de celle-ci qui est contestable : selon l'accord de 1996 celle-ci ne bénéficie d'aucun contrôle public sur la destination et l'utilisation de ces fonds qui sont gérés de manière discrétionnaire par Gaston Flosse.
En effet l'attribution de ces aides est un formidable moyen de pression : ainsi la commune de Faa'a, la plus peuplée et la plus plus pauvre de l'archipel, dirigée par Oscar Temaru, opposant de Gaston Flosse, n'a jamais reçu un centime de subvention, ce qui est le cas de quasiment toutes les communes de couleur politique différente de celle de Gaston Flosse. Par contre la commune de Pirae, dirigée pendant 35 ans par Gaston Flosse reçoit de grâcieuses subventions tout comme celles où se situent ses résidences secondaires.
Ce moyen de pression s'exerce aussi dans le monde associatif où seules les associations qui soutiennent la politique de Flosse bénéficient d'aides. Et Gaston Flosse n'est pas ingrat : ainsi un grand festival - « Tahiti Nui 2000 » - permet à de nombreux de ses amis de bénéficier de subventions publiques pour des opérations culturelles.
Mais surtout Gaston Flosse a tendance à utiliser l'argent de poche à son profit personnel. Ainsi la Sétil, société d'aménagements du territoire, a effectué des travaux publics...au profit de Gaston Flosse! La liste est longue : construction d'une route sur fonds publics pour désenclaver une propriété privée de Gaston Flosse (Erima); en 2001 Gaston Flosse procède à l'achat d'une île, Tupai, sur des fonds publics dans un but touristique, hors cette île devient partiellement une extension du Palais présidentiel, une sorte de résidence secondaire pour Flosse, et partiellement un lotissement pour milliardaires : une piste d'avion pour l'avion personnel de Flosse est installée grâce à des fonds publics qui servent aussi aux frais de personnel, l'entretien du domaine est effectué sur fonds publics par un personnel au statut flou, le GIP. Même méthode sur l'atoll de Fakarava (piste d'aviation payée par des fonds publics pour l'accès à une résidence de luxe de Flosse), travaux publics pour une autre résidence (Pare)...

Quand gestion rime avec clientèlisme

Le copinage s'exerce aussi dans les marchés publics. Ainsi à l'arrivée au pouvoir de Temaru, un audit financier a été fait sur les finances publiques. Selon celui-ci de nombreux marchés publics ne nécessitent aucun document décrivant les procédures, aucune étude préalable, Emile Vanfaste, Ministre des Finances d'alors compare la passation de marchés publics à une commande de pizza. Par ailleurs de nombreux intervenants, délégataires avec des comptes jamais clairs (untel s'occupe de la paie, un autre des congés payés, un autre des heures supplémentaires...).
Le clientèlisme s'exerce aussi en matière fiscale car la fiscalité est particulièrement avantageuse pour les nantis : il n'y a pas d'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés est faible et surtout depuis la loi Pons les investissements en Outre Mer sont defiscalisés ce qui fait de la Polynésie française un quasi paradis fiscal.
Même générosité orientée dans l'attribution de cadeaux fiscaux : alors que l'archipel est endetté, il accorde des cadeaux fiscaux pour la construction d'hôtels (dont le leader local en la matière est Louis Won, un ami), les titulaires de paquebots, les constructeurs immobiliers, les créateurs d'entreprises, les acheteurs de nouvelles autos (la « flossette »?).
Dans ce système, les copinages sont un excellent moyen de pression sur les entreprises privées et les associations. Outre les subventions attribuées de manière sélective et discrétionnaire, quelques cas illustrent parfaitement la gestion Flosse : ainsi l'épouse d'une personne ayant attaqué maintes fois le système Flosse en justice, Monsieur Conroy, s'est vu refusé de nombreuses fois le droit d'exploiter une ferme; par ailleurs la Polynésie a établi elle aussi ses emplois jeunes dont elle a confié la gestion et l'attribution au mouvement de jeunesse politique proche de Flosse! Un peu comme si Lionel Jospin avait confié l'attribution des emplois jeunes au MJS... ces emplois seront notamment affectés dans des communes dirigées par des proches du
parti de Gaston Flosse.
Et Gaston Flosse n'est jamais infidèle en amitié : ainsi il profite des services de son VRP de luxe, Jacques Chirac, pour faire la promotion de la production perlière et du savoir-faire hôtelier de son ami Robert Won lorsque l'ami Jacques se déplace en Chine ou au Japon.
Ce favoritisme touche aussi les organes publics : ainsi chaque commune se voit attribuer des quotas de logements à distribuer hors critère. Les élus bénéficiant de ces dérogations correspondent quasiment à la liste des soutiens de Gaston Flosse à chacune de ses campagnes.
Dans le même temps le salaire moyen des Polynésiens est de 1 000 €, 30 % d'entre eux sont illettrés, le coût de la vie est particulièrement élevé et il n'y a pas d'allocations chômages.

Quand le roi prends des libertés avec la démocratie

Afin de maintenir sa politique le roi Gaston Flosse Ier a pris soin de se prévenir de cet affreux virus qu'est la démocratie.
Politiquement la loi d'autonomie de 2004 lui permet de disposer de pleins pouvoirs, et de ne plus avoir pour obstacle le contrôle de l'Etat. Il bénéficie d'un droit de dissolution sur l'assemblée, d'un pouvoir de nominations dont il abuse afin de placer à des postes clés ses amis si possibles maléables. Une députée, Danièle Peirsegaele, raconte aussi qu'elle fut contactée par un mystérieux interlocuteur qui voulait la rencontrer; au final un rendez-vous est fixé dans un lieu discret, Danièle est alors abordée par un ex-miss Tahiti, Thérèse Hamo, qui au bout de quelques rendez-vous lui propose de soutenir le parti de Flosse en contre-partie d'une mairie aux futures municipales. Malheureusement pour Gaston Flosse Danièle a enregistré ces conversations sur un magnétophone transmis à la justice.
Le contrôle des opérations électorales doit aussi être revu car au vu des votes le civisme de certains Polynésiens devrait être montré comme un exemple : certains votent sur plusieurs lieux de vote, dans certaines communes il y a même des personnes décédées qui voteraient!
Gaston Flosse et sa clique ont aussi réussi à étouffer partiellement le contre-pouvoir médiatique : la technique consiste à multiplier les procès contre les journaux libres, ainsi l'Echo de Tahiti, la Tribune Polynésienne, Tahiti Matin ou Télé Fenua ont coulé suite à ces attaques au portefeuille qui ruinent les opposants du fait de la multiplication des frais de justice. Le pluralisme est atteint d'autant que les rares médias restants sont aux mains de « Citizen » Hersant ou d'Albert Moux (Les Nouvelles de Tahiti), ami de Gaston Flosse. Cette proximité se ressent sur certains articles ou le comportement de certains journalistes. A l'approche d'échéances électorales le gouvernement achète aussi plus de pages publicitaires légales aux médias, pour bien signifier la dépendance de ceux-ci à cette manne. Lors de ses conférences Gaston Flosse refuse certains journalistes trop indépendants (malgré des condamnations du tribunal adminstratif pour atteinte à la liberté de la presse) et tient l'AFP locale. C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy tenait dans ses mains l'AFP... Il existe aussi des méthodes de censure : ainsi un numéro de Libération dans lequel Oscar Temaru condamnait le système mafieux Chirac-Flosse fut saisi , certaines émissions (les Guignols de l'info, le Vrai journal) sont parfois partiellement censurées : ainsi un reportage du Vrai journal sur la mort d'un journaliste polynésien, « JPK », fut complètement brouillé. Quant à la chaine privée, TNTV (appelée « télé Flosse »), elle a été maintes fois rappelée à l'ordre par le CSA pour son traitement partial de l'information : ainsi en 2004 elle a quasiment fait campagne pour Gaston Flosse.
Même soucis démocratique concernant la Justice. Ainsi en 2002 de nombreux proches de Jacques Chirac ont été nommés comme magistrat. Citons ainsi le cas de Michel Marotte, pourtant critiqué par la ligue internationale des droits de l'homme pour ralentir les dossiers politico-judiciaires lorsqu'il officiait à la Réunion. Un rapport de la fédération internationale des droits de l'homme a aussi critiqué le manque de moyens, la lenteur des procédures, la difficulté d'accès des plus pauvres à la justice. Le rapport insiste notamment sur un traitement à deux vitesses des justiciables : ainsi la délinquance financière bénéficie d'un traitement de faveur car les affaires aboutissent souvent à des classements sans suite. Concernant le traitement des dossiers, Yves Conroy et Jacky Bryant attendent depuis huit ans l'instruction de leur plainte concernant la gestion de la commune de Bora Bora.
Enfin la gestion de la police locale amène quelques interrogations : à côté des forces traditionnelles, une force spéciale, le GIP (groupement d'intervention de la Polynésie) a été crée en 1995. Selon ses statuts quelque peu flous cette entité est un croisement entre la DDE et les pompiers. Dans la réalité elle rappelle par ses pratiques le service d'action civique de de Gaulle : elle ressemble à une milice privée de Flosse financée par des fonds publics. Elle se caractérise par ses menaces (vis-à-vis de journalistes), ses intimidations, et accessoirement pour entretenir la résidence de Tupai de Flosse. Ses effectifs seraient le double des forces de police « légales ».

Quand la Polynésie devient la Polynésie sur Seine

La gestion de la Polynésie ressemble parfois à celle de la Mairie de Paris, période Chirac-Tibéry, ou à celle des Hauts-de-Seine. Comme pour eux les comptes donnent l'impression d'un fouillis alors qu'il s'agit de techniques comptables élaborées qui permettent la dispersion de l'argent public par la multipliucation de comptes, de sociétés mixtes et d'intermédiaires.
Signalons tout d'abord, à titre purement informatif, que le budget de la présidence de Polynésie est de 29 millions d'euros pour un archipel de 250 000 habitants contre 32 millions pour l'Elysée pour un pays de 60 millions d'habitants. Supermenteur a-t'il trouvé plus fort que lui?
Dans son palais Flosse emploie 629 personnes. Arnaud Montebourg y dénonce des emplois fictifs : des postes tels que des piroguiers, des ex-miss Tahiti recyclées, des surfeurs, des chanteurs, un curé ou un boxeur! Tous bien rémunérés. A Papeete mêmes effectifs pléthoriques surémunérés. La commune a aussi payé des frais de déplacements pour des fonctionnaires afin qu'ils visitent les lieux touristiques d'Asie du Sud-Est...
Nous avons vu aussi plus haut l'utilisation de fonds publics pour des travaux d'équipements privés. La Sétil, société d'aménagement du territoire (anciennement dirigée par Gaston Flosse), est souvent mise en cause : ainsi elle fait preuve d'un favoritisme dans le choix de ses partenaires, souvent proches du pouvoir. Dans la commune de Pirae, longtemps dirigée par Gaston Flosse et actuellement dirigée par son gendre, un contrat a été signé avec le groupe Bouygues, historiquement lié à la droite, pour la construction d'un hôpital qui devait initialement s'appeler le centre hospitalier « Jacques Chirac »!
Mise en cause aussi, la Socrédo, banque de développement locale. A l 'exemple du Crédit Lyonnais celle-ci a accordé à perte des prêts colossaux à des notables locaux. Parmis eux Tonita Flosse, femme de Gaston Flosse, mais aussi leur fils Réginald qui bénéficieront ainsi de crédits gratuits.
Comme à Paris, la constitution de sociétés d'économie mixte privée-publique permet d'attribuer la gestion de services (tourisme, habitat, audiovisuel, pêche...) à des amis proches du pouvoir.
Quand le roi rencontre l'UMP Gaston Flosse justifie complètement son étiquette politique : son engagement politique gaulliste se justifie dans ses pratiques si communes à celles du parti gaulliste sous la Cinquième République.
Ainsi Frédéric de Saint Sernin, proche de Jacques Chirac et ancien collaborateur d'Alain Carignon à la mairie de Grenoble, qui est « chargé de mission » auprès du Président de Polynésie française, poste qu'il occupe...à Paris.
Même situation pour Jean-Jacques de Peretti rémunéré 36 000 € pour une mission de six mois pour promouvoir l'image de la Polynésie. Le 11 octobre 2001 il signe une convention pour un poste de consultant rémunéré 53 000 €, la convention prévoit que le rapport soit publié le 30 septembre, soit avant la date de la convention! (par ailleurs il est précisé que dans ce rapport doit être fait la promotion de la perle, domaine où Louis Won, ami de Flosse, excelle) Signalons qu'une autre étude a été réclamée dans le même temps à une autre société sur le même thème pour un montant de 124 000 €. Malgré cet emploi à plein temps, Jean- Jacques de Peretti a pu assumer des postes de maire de Sarlat (en Dordogne), de président d'une communauté de commune et de conseiller régional.
D'autres membres de l'UMP bénéficieront d'emplois de chargés de mission fictive. Une autre méthode de détournement consiste à créer des bureaux d'étude bidons, et à placer des amis à la tête de sociétés mixtes (EDT, SEP, SAGEP, TSP...).
Le marché de l'eau permet aussi un affairisme made in UMP. 70 % du marché de l'eau mondial est aux mains de deux groupes, à savoir Suez et Vivendi-Véolia. Le groupe Suez, appelé Lyonnaise des Eaux avant ses affaires judiciaires avec Alain Carignon, Botton, Maillard ou les lycées d'Ile-de-France, fut dirigée pendant vingt ans par Jérôme Monod, devenu ensuite conseiller de Jacques Chirac. Selon la chambre territoriale des comptes Suez bénéficie de marchés dans des conditions douteuses, bénéficie d'un quasi-monopole dans la distribution de l'eau et profite de cette situation : dans les communes où l'eau est gérée par Suez le prix de l'eau varie du simple au double par rapport aux communes où elle est gérée en régie municipale! Les
contrats sont parfois étonnants (conventions signées pour des durées dérogeant aux pratiques communes).
De plus l'énergie en Polynésie (gérée par EDT en société d'économie mixte) est une des plus chère du monde.
Les ordures sont gérées par une filiale de Suez, la SEP, qui les enfouis au mépris des obligations légales.
Le pétrole passe par les mêmes circuits (gérés par Total-Fina) et donne lieux à diverses anomalies (double facturation, évasion fiscale...). La gestion locale est confiée à Albert Moux, ami de Gaston Flosse.
Une affaire - la SEMPAP – mettra aussi en lumière des détournements réalisés entre la Polynésie et la mairie de Paris de la grande époque. Une personne mise en cause dans cette affaire se serait vanté auprès de policiers que cet argent servait au financement des campagnes de Jacques Chirac ou du RPR.
Par ailleurs des indices d'un système d'écoute téléphonique ou d'espionnage numérique ont été dénoncés.
Saluons aussi le comportement de Brigitte Girardin, ex-ministe de l'Outre-Mer, qui a appelé un élu pour condamner le fait qu'il n'ait pas voté pour Gaston Flosse lors de l'investiture et menacé que « la France fermele robinet » si celui-ci était battu.

Quand le roi affronte la Justice

Une des légendes guyanaises les plus populaires est celle de D'Chimbo, meurtrier d'origine africaine du 19ème siècle, qui échappait régulièrement aux forces de police. La légende affirmait qu'il bénéficiait de pouvoirs occultes lui permettant d'échapper à la justice des hommes.
Gaston Flosse est un peu le D'Chimbo de la délinquance financière : il est très régulièrement mis en cause dans des affaires judiciaires, mais tel D'Chimbo il échappe miraculeusement à la justice : il est un des recordman français des non lieux, des classements sans suite, des actions atteintes par la prescription ou vice de forme. Séverine Tessier le qualifie d'objet judiciaire non identifié. Les chefs d'accusation sont nombreux : abus de biens sociaux, trafic d'influence, faux et usage de faux, prise illégale d'intérêt, emplois fictifs, financement occulte. Notons que le Haut-Commissaire, représentant de l'Etat français en Polynésie, aurait dû inscrire certains délits au casier judiciaire et surtout obliger Gaston Flosse à démissionner – ce que prévoient ses statuts - mais aucune de ces deux obligations n'a été respectée.
En mai 2001 il est condamné à une illégibilité, mais la Cour de cassation se réunit peu après en urgence pour casser cette condamnation à la veille d'élections où il se présente.
Les affaires judiciaires sont aussi une affaire de famille puisque son épouse Tonita et son fils Réginald ont été mis en cause pour des délits financiers en relation avec la banque Socrédo. Dans une autre affaire mettant en cause son fils, Gaston Flosse avait fait racheter par la collectivité publique une propriété à un prix très avantageux pour le propriétaire, qui se trouvait être son propre fils.
Gaston Flosse est défendu par ailleurs régulièrement par un avocat, Maître Francis Szpiner, avocat d'Alain Juppé, de Jacques Chirac, de Dominique Baudis, de Didier Schuller, de Christian Nucci, de l'Etat de Djibouti (dans l'affaire du « suicide » du juge Borrel) et naguère adversaire politique d'Arnaud Montebourg lors des élections législatives de 2002.
Dernière affaire et non des moindres, même si elle ne vise pas directement Gaston Flosse, l'affaire JPK. Jean-Pascal Couraud, dit JPK, ancien rédacteur en chef des Nouvelles de Tahiti, était un ennemi acharné de Gaston Flosse et a sorti quelques affaires le mettant en cause. Trois mois après avoir fini une nouvelle enquête sur Gaston Flosse, celui-ci est retrouvé mort. La police conclut au suicide. Hors un ancien membre du GIP a déclaré devant un procureur qu'il s'agissait d'une élimination. Un journaliste qui a enquêté sur cette affaire a reçu un mystérieux coup de fil l'informant que s'il continuait son investigation, « il subirait le même sort que JPK ».

Conclusion

Séverine Tessier qualifie la Polynésie française de base arrière du financement de l'ex-RPR, ce gang qualifié de gaulliste qui a tant changé de nom (UDR, UMP), mais dont les pratiques demeurent inchangées. Ce parti qui possède le quasi-monopole du pouvoir sous la Cinquième République, « sa » République, qui détourne des fonds publics (mairie de Paris, Hauts-de-Seine, Françafrique...) ou bénéficie de liens occultes avec des grands groupes privés (Suez, Elf...).
Afin de lutter contre ces pratiques des mesures s'imposent : instaurer une vraie transparence et un vrai contrôle des comptes publics, suspendre de marchés publics les entreprises mises en cause dans des affaires de corruption, inéligibilité définitive pour des élus condamnés pour délits financiers.
Pour ce qui est du système Flosse, son gendre Edouard Fritch a été élu président de l'assemblée territoriale de Polynésie en avril 2007 : rien de nouveau sous le soleil, l'histoire recommence.
Dans le film « L'homme qui voulait être roi », le personnage joué par Sean Connery finissait par se persuader qu'il était un dieu. Espérons que la réalité ne dépassera pas la fiction.

ALAIN MINC OU UNE CERTAINE IDEE DU CAPITALISME

Selon certains experts et intellectuels, la France serait un pays économiquement archaique, peuplé de syndicats sectaires, de fainéants vénérant les 35 heures, leurs droits acquis et les RTT.
Pourtant une étude plus poussée du capitalisme français démontre le caractère moyen âgeux de celui-ci. Celui-ci se distingue en effet par son opacité, ses connivences et son système de réseaux, bien loin du système libéral anglo-saxon dont se réclame l'intelligentsia française.
Ainsi dans son ouvrage « Petits conseils », Laurent Mauduit, ex-journaliste du Monde, s'attarde sur le cas d'Alain Minc, véritable portrait vivant du capitalisme à la française.

Brève biographie d'Alain Minc

Alain Minc est un énarque qui fit le choix du pantouflage (partir dans le privé après une formation de haut fonctionnaire) après avoir été inspecteur des Finances. Brillant intellectuel, il se distingua dans les années 80 par des échecs en tant que conseiller d'entreprises (Saint Gobain, Société Générale Belge...).
Dans les années 80, il fit parti des créateurs d'un haut lieu de la pensée unique, la fondation Saint Simon qui avait pour but de réunir des intellectuels, des journalistes (Serge July, Anne Sinclair, Franz Olivier Giesbert, Christine Ockrent, Jean Daniel, Jean Pierre Elkabbach...), des chefs d'entreprise (Christian Blanc, Jean Peyrelevade, Jean Luc Lagardère, Francis Mer...) afin de mettre en commun leurs réflexions. A terme il devint un lieu de promotion du social-libéralisme,
politique « moderne » et seule politique possible aux yeux de leurs membres.
Il est aussi expert attitré d'une émission de TV, « Vive la crise! », animée par Yves Montand. Cette émission avait pour but de faire la propagande libérale-populaire qui avait abouti au succès de Margaret Thatcher et Ronald Reagan. Les reportages sont très orientés (les privilèges des fonctionnaires, l'assistanat...) et font l'apologie de l'entrepreneur (à noter une éloge d'un jeune chef d'entreprise vendéen...Philippe de Villiers). Ainsi dans cette émission Michel Albert déclare que si la France ne suit pas les recettes libérales elle deviendra aussi riche que l'Afghanistan!
Dans les années 90, il devint président du Conseil de surveillance du Monde, mais aussi président du fan club d'Edouard Balladur.
Mais surtout à cette époque il trouve sa poule aux oeufs d'or : conseiller de grands patrons.

Le système Minc

Alain Minc s'était déjà constitué un bon carnet d'adresse grâce à son activité à la Fondation Saint Simon, mais aussi par son rôle de membre du conseil d'administration du Siècle – club huppé qui réunit l'élite parisienne - son activité de conseiller de grands patrons va étoffer sa clientèle.
Le premier talent d'Alain Minc c'est de cultiver des amitiés dans différents mondes : médiatique (grâce au Monde), industriel (Pinault, Bolloré, Maurice Lévy, Edouard de Rotschild, Zacharias, Proglio...), politique (Edouard Balladur, Nicolas Sarkozy, Thierry Breton, Dominique Strauss-Kahn). Cette confusion des genres est très profitable à son activité de conseil : il tient le levier politique, les soutiens médiatiques et financiers. De quoi attirer les clients...
Son deuxième talent c'est son statut d'initié : lorsqu'il conseille un industriel, il place souvent ses hommes à des postes stratégiques, ce qui lui permet de disposer d'antennes dans les grandes entreprises; lors de repas professionnels il n'hésite à faire des confidences utiles à ses interlocuteurs, sachant que les infos que ceux-ci lui donneront pourront être ultérieurement balancées; sa connaissance de certaines entreprises, de par son statut de conseiller, lui sert aussi lorsqu'il conseille des entreprises concurrentes.
Homme de réseau (« le Seigneur des réseaux » selon l'Express), circulateur d'information , Alain Minc est le parfait symbole d'un capitalisme français opaque, peuplé de parrains qui évoque beaucoup plus l'Ancien Régime que le 21ème siècle.
Par ailleurs pour crédibiliser son image d'intellectuel il écrit tous les ans des essais. Au vu de ses amitiés (BHL, Jean Daniel, Franz Olivier Giesbert...) et de sa mainmise dans certains médias ceux-ci font l'objet d'éloges unanimes. Jean Daniel raconte ainsi le harcèlement téléphonique qu'il a connu pour faire un papier-promo pour son essai sur Spinoza.
Le problème est que quelques semaines après sa sortie un écrivain, Patrick Rödel porte plainte pour plagiat. Cet écrivain avait en effet rédigé un ouvrage sur Spinoza qui était un mélange de fiction et de réalité. Hors dans son ouvrage les élèments sortis tout droit de l'imagination de Patrick Rödel (ainsi une recette de confiture de roses complètement
inventée par lui) apparaissent dans l'ouvrage d'Alain Minc. Et là on découvre qu'Alain Minc utilise trois « nègres » pour rédiger ses ouvrages. Tout un mythe qui tombe.

Alain Minc et la Caisse d'épargne

Comment Laurent Mauduit, auteur de l'ouvrage, a-t'il été amené à démissionner du magazine Le Monde qui était pourtant son employeur?
Tout commence avec un scoop concernant la Caisse d'épargne. Celle-ci négocierait dans le plus grand secret un accord avec la Banque populaire, en vue de créer une structure commune : Natixis. Laurent Mauduit est particulièrement intéressé par cette info, d'autant que beaucoup de choses l'intriguent dans cet accord : il est fait sans l'accord pourtant obligatoire de la Caisse des dépôts et consignations, est particulièrement avantageux pour la Banque Populaire. Lorsque
la Président de la CDC, Francis Mayer, est hospitalisé pour de graves problèmes de santé (qui le feront d'ailleurs décéder), les négociations s'intensifient...
Laurent Mauduit souhaite balancer l'info dans le magazine Le Monde, et là stupeur : bâtons dans les roues, retards, coupes dans l'article, veto de l'avocat...au final l'article est partiellement censuré.
Laurent Mauduit décide de faire quelques recherches et là il découvre que la Caisse d'épargne est un actionnaire du Monde, qu'Alain Minc a été conseiller d'une des caisses régionales et qu'il avait conseillé Charles Milhaud, président de la Caisse d'épargne, dans une opération financière agressive à l'égard de la CDC, qu'en 2002 la Caisse d'épargne fut la troisième contributrice à un appel à financement du Monde (qui obtient même le secret de cette transaction grâce à une
dissimilation comptable qui permet de cacher le nom du donateur).
Notons que pour ses conseils à la Caisse d'épargne Alain Minc toucherait entre 150 000 et 200 000 € par an, que la banque Rotschild – conseillère de la Caisse d'épargne - est aussi conseillère du Monde, que Le Monde souhaite fusionner ses activités médiatiques du Midi avec celles du groupe Lagardère avec l'aide...de la Caisse d'épargne, que celle-ci a engagé en son sein plusieurs connaissances de Nicolas Sarkozy dont l'épouse de Brice Hortefeux.
Toutes ces informations justifient-elles la censure partielle de l'article de Laurent Mauduit? Une plongée dans le monde d'Alain Minc permet de se poser des questions.

Alain Minc et le groupe de Vinci

Tout le monde en France se souvient de la polémique créée par le départ d'Antoine Zacharias du groupe Vinci avec un gros chèque à la clé en juin 2006. Ce que les gens connaissent beaucoup moins ce sont les coulisses de cette affaire, dans laquelle se situe encore l'omniprésent Alain Minc, véritable Nicolas Sarkozy du monde des affaires.
Suite à une fusion à la Alain Minc entre SGE et GTM, Antoine Zacharias est nommé PDG du nouveau groupe, Vinci.
Cette fusion est une nouvelle fois douteuse car si la GTM est dirigée par un ami d'Alain Minc, Gérard Mestrallet, celui-ci a la surprise de découvrir qu'Alain Minc – qu'il rémunère pour des conseils à Suez - dispose de beaucoup d'amis à la SGE datant de l'époque où il officiait à Saint Gobain, qu'Antoine Zacharias, le nouveau PDG de Vinci, est aussi conseillé par Alain Minc.
Et entre Antoine Zacharias et Alain Minc va s'organiser un pacte d'enrichissement mutuel : Alain Minc touche ainsi 160 000 € annuels pour prodiguer ses conseils, qui consistent en fait à prendre un ou deux petits déjeuners mensuels avec le PDG dans un restaurant chic parisien; par ailleurs il rentre au comité de rémunération de l'entreprise et organise les rémunérations virtigineuses d'Antoine Zacharias.
Antoine Zacharias approchant de la retraite, le successeur désigné est Xavier Huillard. Cependant celui-ci a le malheur d'appeler Antoine Zacharias a faire preuve de raison dans ses primes de départ, craignant des effets sur l'opinion publique et un déballage médiatique.
Alain Minc et Antoine Zacharias décident donc de se débarasser de Xavier Huillard en proposant une de leur relation pour le remplacer, Alain Dinin. Les motifs du remplacement étant fallacieux, Xavier Huillard sent qu'on souhaite l'évincer. Une guerre des clans s'organisent, Xavier Huillard rédige alors une lettre adressée au conseil d'administration dénonçant les pratiques du couple Minc-Zacharias, avant de démissionner. Un conseil d'administration est organisé qui désavoue Zacharias.
Lors de son départ Le Monde publie un article élogieux sur Zacharias avec des citations d'administrateurs anonymes. Cependant certaines expressions typiques d'Alain Minc se retrouvent dans cet article. Et lorsque le nouveau PDG de Vinci prend une décision déplaisant à Alain Minc, celui-ci le critique par une lettre qu'il transmet le 15 juin 2006 au matin. Les extraits de cette lettre sont publiés dès l'édition du soir du Monde...
C'est alors qu'Alain Minc retourne sa veste et prend la tête des intransigeants envers Zacharias. Dans le même temps Veolia annonce qu'il souhaite faire une OPA contre Vinci. Notons que Veolia est conseillée par un certain Alain Minc. Artémis entre aussi dans le capital de Vinci. Entreprise dirigée par François Pinault, ami d'Antoine Zacharias et conseillé par...Alain Minc.

Alain Minc et Vincent Bolloré

Autre gros client d'Alain Minc, Vincent Bolloré, l'homme qui parle à l'oreille du Président de la République.
Cet homme provient du clan de Claude Bébéar, grand parrain du capitalisme à la française. Il est notamment membre du Club Entreprise et Cité (avec Jean René Fourtou, Thierry Breton...).
Leur amitié date de l'époque où Alain Minc négociait avec le groupe Bouygues pour la constitution du groupe Vinci.
Suite à l'échec des négociations, et avec un grand esprit de discrétion, Alain Minc contacte Vincent Bolloré pour lui proposer de faire une OPA sur le groupe. Les négociations lui ont en effet permis de disposer de beaucoup d'informations sur le groupe (sous coté en Bourse, fragilité depuis le décès de Francis Bouygues). Il est convenu qu'Alain Minc touche 1 % des plus values réalisées.
Une OPA est donc lancée. Après diverses aventures un pacte d'actionnaire est signé entre Martin Bouygues et Vincent Bolloré afin de calmer les hostilités. Ce pacte est trahi par Bolloré dès le lendemain de sa signature, Bouygues décide alors de le faire rentrer au conseil d'administration du groupe. A ce poste il met en doute les finances du groupe, diligente même un ancien de la brigade financière pour prouver des malversations. Au terme Bolloré se désengage, un autre ami de Minc, François Pinault rachetant ses parts. Bilan : 230 millions d'euros de plus values en 8 mois pour Bolloré et 1 % à Minc.
Cette somme est aussitôt réinvestie dans une autre OPA contre le Groupe Pathé. Bilan : une hausse de 40 % de l'action en Bourse et une plus value de 300 millions d'euros et 1 % à Minc. Même opération pour Havas et Aégis.
Vincent Bolloré doit aussi à Alain Minc son entrée dans les médias. Ainsi Alain Minc, qui est rémunéré par Bolloré, « accepte » qu'il soit choisit par Le Monde pour lancer un gratuit, Direct Soir! Alain Minc ou le roi du conflit d'intérêt.
Le fils de Vincent Bolloré dirige aussi une chaine de la TNT, Direct 8, dans laquel un expert dispose de son émission hebdomadaire. Le nom de cet expert? Alain Minc...

Alain Minc et les médias

Il s'agit tout d'abord de Libération.
Dès octobre 2006, Edwy Plenel laisse sous-entendre qu'Alain Minc aurait joué un rôle dans sa récente évolution. Le nouveau patron de Libé, Edouard de Rotschild, compte parmis ses conseillers Alain Minc. Edwy Plenel propose un plan de relance du titre, qui est écarté par Edouard de Rotschild qui lui préfère Laurent Joffrin (connaissance d'Alain Minc puisqu'ils étaient tous deux experts attitrés d'une émission des années 80, « Vive la crise! » et qu'ils faisaient parti de la Fondation Saint Simon) et propose surtout un chantage au personnel de Libé : abandonner partiellement leur indépendance ou accepter un plan de licenciement massif. Le personnel choisira d'abjurer une part de leur indépendance.
Notons qu'Alain Minc possédait quelques poulains au sein même de la direction de Libé (Matthieu Pigasse, ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn) qui l'ont aidé lors des négociations, ou qu'il a consulté Nicolas Sarkozy pour faire à tout prix barrage à Edwy Plenel.
Il s'agit aussi du Monde.
Arrivé dans le magazine en 1985, c'est en 1994 qu'il réorganise la direction pour se conférer plus de pouvoirs. Après une période de fuite en avant où Le Monde rachète beaucoup de titres, des difficultés financières surviennent. Un appel à financement est fait et de nombreuses entreprises conseillées par Alain Minc y répondent. Ces nouveaux financements
marginalisent la part des journalistes dans le groupe et donc atteint leur indépendance. D'autres transactions permettent au groupe Lagardère d'entrer dans le groupe.
Beaucoup de choses évoluent alors : Jean Marie Colombani se voit attribuer un salaire virtigineux, Edwy Plenel est débarqué, soutien à Sarkozy ...
Deux putschs discrets dans deux médias majeurs de la presse écrite qui voient leur dépendance vis-à-vis des « forces de l'argent » grandir.

Conclusion

Comme on le voit beaucoup de choses doivent être réformées dans le capitalisme français : suite aux affaires Enron et Worldcom, les Etats Unis ont ainsi adopté la loi Sarbanes-Oxley et établi 68 règles (édictées dans le rapport Breeden) afin de moraliser le capitalisme.
Le capitalisme français en reste lui au Moyen Age : connivences, opacité, presse contrôlée, autorités de régulation peu indépendantes (ex l'AMF)...Laurent qualifie son enquête de mesure de salubrité publique et reprend l'expression de Lionel Jospin de « nouvelle aristocratie » pour désigner ces capitalistes qui n'ont rien d'entrepreneurs.
Le système Minc est une parfaite reproduction miniature du capitalisme à la française : conflits d'intérêt (il conseille deux sociétés qui fusionnent par exemple ou est rémunéré par deux entreprises concurentes), renvois ascenseurs.
Ses talents : il est au centre du microcosme parisien, sait tout sur tout, se place à la confluence des mondes politiques, médiatiques et financiers, a des antennes partout car il a placé des hommes proches de lui dans des postes stratégiques dans des entreprises qu'il conseille.
A l'heure où certaines cautions politiques de ce capitalisme rétrograde français nous vendent leurs recettes économiques comme un produit marketing capable de changer l'eau en vin (« la sociale-démocratie lave plus blanc que blanc »), il convient, avant de modifier le sytème économique de le moderniser et surtout de le moraliser.
En 2002, Alain Minc a rédigé un ouvrage « Epîtres à nos nouveaux maîtres » dans lequel il critiquait le goût de la transparence et l'omniprésence des juges et des médias indépendants. Mais par chance son ami Nicolas Sarkozy est le nouveau maître de la France et tout le monde sait qu'avec lui ça sera la tolérance totale pour les racailles du droit des affaires. Bonnes continuations Monsieur Minc.

DE L'OR BLEU A L'OR VERT

Réalisé par Steven Soderbergh en l'an 2000, le film « Erin Brockovitch » raconte l'histoire vraie d'une secrétaire juridique (jouée par Julia Roberts) qui fit éclater un énorme scandale écolo-politico-juridique et fit obtenir la plus importante indemnité jamais accordée suite à une action directe aux Etats Unis.
Dans ce dossier elle découvrit qu'une société de distribution d'eau, filiale d'une multinationale, rachetait des maisons dans une petite ville californienne où de nombreux habitants se plaignaient de cancers et de maladies diverses. En menant une enquête minutieuse elle découvre que la compagnie de distribution d'eau déversait sciemment des déchets toxiques dans une nappe phréatique, causant ces maladies.
Le fait qu'Hollywood se soit inspiré d'un fait réel est peu étonnant. En effet la gestion de l'eau au niveau mondial et national est une vraie mine à scénarios : affairisme, opacité, lobbying ou corruption sont le quotidien du monde de l'eau. Un quotidien dont peu de médias, et peu de partis politiques, parlent.

L'eau : un état d'urgence

Le problème de l'eau tient une place étonnamment faible dans le débat politique au vu de l'état d'urgence actuel : toutes les huit secondes un enfant meurt pour des motifs liés à l'eau, 80 % des maladies du Tiers monde sont liées à la consommation d'eau, de 3 à 5 millions de personnes meurent par des maladies liées à l'eau, 1,5 million d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable.
Au-delà de ces réalités chiffrées, les réserves d'eau douce s'épuisent de plus en plus ou sont de plus en plus polluées alors que la population mondiale augmente tout comme sa consommation d'eau.
Pourtant face à cette réalité les gaspillages ne cessent pas : alors que les gaspillages domestiques d'eau sont surmédiatisés, on constate que 70 % de l'eau est utilisée par l'agriculture, 20 % par l'industrie et seulement 10 % par les particuliers. Malgré tout aucune prévention et aucune réglementation n'existent. Au contraire l'Europe subventionne l'agriculture intensive, gaspilleuse d'eau, par la PAC et se désintéresse des problèmes d'irrigation excessive ou d'évaporation d'eau et évite toute régulation fiscale pour éviter les gaspillages ou atteintes à l'environnement.
Au niveau de la France 80 % des points d'eau seraient dissimulés, ce qui est d'autant plus facilité par les faibles moyens financiers et humains des polices des eaux chargés des contrôles.

Le principe du pollué-payeur

Chaque année le contribuable français consacre 11 milliards d'euros au paiement des factures d'eau. Pourtant les gros agriculteurs ne paient que 20 % des redevances pour lutter contre la pollution alors qu'ils sont responsables de 90 % de cette pollution. Ils se voient même accorder des aides à la dépollution.
Le motif de ce privilège? La gestion de l'eau au niveau national est déléguée aux agences de l'eau, dont le président est désigné par le Président de la République. Un rapport commandé en 1997 par Corine Lepage et Jean Artuis a mis en lumière les dysfonctionnements de ces agences qui ont été noyautées par les grands lobbies agricoles.
Ces agences fonctionnent en toute opacité comme l'a prouvé un rapport de la Cour des comptes de 1996 : elles gèrent elle-même le pactole des milliards d'euros versés par le contribuable et font des profits grâce aux 1,5 milliards d'euros versés pour la dépollution.
Du coup ces lobbies s'arrangent pour ne pas avoir à financer la dépollution alors qu'elles sont responsables de la pollution et font main basse sur la manne que représente l'argent public destinée à dépolluer.

Quand les multinationales font la loi

La grande évolution du capitalisme moderne est la concentration de l'activité de quelques multinationales : à la concurrence pure et parfaite ont succédé les oligopoles voire les monopoles. Le secteur de l'eau en est le parfait reflet : ainsi 70 % du marché est monopolisé par trois multinationales à savoir Véolia-Vivendi (ex- Compagnie Générale des Eaux), Suez (ex-Lyonnaise des Eaux) et SAUR-BNP-Bouygues.
En France dans 88 % des marchés publics une de ces trois entreprises apparaît et dans 31 % des cas une de ces trois entreprises est la seule présente dans les marchés. Dans certains endroits – notamment en Ile-de-France – la répartition des marchés est digne de la mafia.
Cette situation pose problème dans la mesure où ces trois multinationales profitent de leur oligopole pour abuser de leur pouvoir : les contrats portent sur des durées exceptionnelles (20-30 ans voire plus), les travaux sont souvent surfacturés dans la mesure où la bande des trois, profitant de leur savoir-faire technique, vend des Harley Davidson aux collectivités locales quand un vélo suffirait, le tout aux frais du contribuable.
Afin de garder leur statut, la bande des trois utilise la pratique du pantouflage : ainsi elle engage des hauts fonctionnaires de la Cour des comptes, du monde judiciaire (brigade financière, hauts magistrats) qui profite de leur savoir-faire pour faire de la prévention dans leur nouveau job : explication des techniques utilisées, failles du système, réseau.
Ces multinationales profitent aussi parfois de subventions des organisations internationales (FMI, Banque mondiale) : ainsi lors d'opérations humanitaires, les multinationales de l'eau interviennent, bon sentiment et bon coup de communication, et en profitent pour récupérer à terme des marchés. Une stratégie utilisée en Chine ou en Afrique du Sud. En Irak, l'entreprise Bechtel, anciennement dirigée par Dick Cheney, a obtenu le marché de reconstruction des canalisations d'eau détruites par les bombardiers américains.

Les lobbies de l'eau

Au niveau international, il s'agit tout d'abord de la Banque mondiale et du FMI qui conditionnent souvent leurs aides à des pays en développement ou le rééchelonnement de leur dette à l'obligation de privatiser la gestion de leur eau.
Il s'agit aussi des pseudo-organisation mondiale de l'eau : forum mondial de l'eau (Marrakech 1997, La Haye 2000, Kyoto 2003) notamment qui sous couvert de grands débats humanistes sur le problème de l'eau cache en fait des réunions organisées par les multinationales de l'eau qui y sont d'ailleurs sur-représentées. Lors de ces forums est débattu de la possibilité de la conquête de nouveaux marchés ou de la marchandisation de l'eau.
Il s'agit aussi de la commission mondiale de l'eau dont les membres sont majoritairement des membres des multinationales de l'eau. Jérôme Monod, ex président de la Lyonnaise des eaux (Suez) et conseiller de Jacques Chirac en fut ainsi membre.
Au niveau national, il s'agit des agences de l'eau ou des comités de bassin qui sont contrôlés par les lobbies agricoles; il s'agit aussi des multinationales de l'eau qui font pression sur les élus de la République soit par connivence (l'ex-Lyonnaise des eaux très proche de l'ex-RPR) soit en les corrompant par des financements occultes, divers cadeaux ou services en nature.

Eau et opacité

Ce qui caractérise la gestion de l'eau c'est le manque de transparence.
Ce manque de transparence apparaît de manière générale sur certains points : ainsi certaines multinationales constituent des bureaux d'études ou des entreprises de construction bidons, afin de gonfler leurs frais et surtout détourner un peu d'argent aux profits de leurs potes.
Ce manque de transparence apparaît aussi par des détournements de fonds publics : traditionnellement la Compagnie Générale des eaux avait été chargée du domaine commercial alors que la Mairie de Paris s'occupait des gros investissement. Ce système perdure car les multinationales profitent du fait que les gros investissements les concernant sont réalisés par les pouvoirs publics, c'est-à-dire par les contribuables, même si elles font d'importants bénéfices.
Ce manque de transparence apparaît aussi au niveau comptable : plusieurs rapports de la Cour des comptes mettent en cause des frais commerciaux ou informatiques anormalement excessifs ou de nombreux oublis comptables élémentaires.
Ce manque de transparence concerne notamment les « provisions ». Ce concept permet aux multinationales de l'eau de demander aux collectivités locales d'avancer des fonds pour leur permettre de financer l'entretien des canalisations, dans un état dépassé dans beaucoup de communes françaises. En tout 4,5 milliards d'euros ont été avancés en France alors qu'aucuns travaux n'ont été effectués! Dans leur ouvrage « L'eau des multinationales », Jean-Luc Touly et Robert Lenglet font ainsi mention d'une somme de 27 milliards d'euros de provisions accumulées par Vivendi-Veolia non utilisée qui a été finalement détournée vers un compte irlandais afin d'en retirer des intérêts. Vivendi-Veolia essaie de trouver des arguments rationnels, toujours est-il que l'utilisation de ces fonds a l'apparence d'un détournement en bonne et due forme.
L'opacité apparaît aussi concernant la qualité de l'eau mise en bouteille, moins contrôlée que l'eau du robinet : un tiers de l'eau en bouteille serait contaminée, un quart ne serait que de l'eau du robinet ayant subi quelques manipulations.
L'opacité concerne aussi le musellement des contre-pouvoirs éventuels : ainsi par le pantouflage les multinationales de l'eau bénéficient de réseaux d'influence et de taupes dans le monde judiciaire; concernant le syndicalisme Jean-Luc Touly raconte comment Vivendi muselait les syndicats : salaires gonflés pour les permanents syndicaux, avantages en nature (voiture de fonction, primes annuelles de 10 000 €...) ou procédures judiciaires répétées contre les rebelles, de quoi pousser les syndicats à soutenir une direction si généreuse. Et si des questions ou contestations apparaissent de la part de certains élus, les multinationales de l'eau ont rédigé un argumentaire type pour noyer le poisson.

Eau et corruption

La liste des affaires de corruption dans le domaine de l'eau est longue : affaire Carignon à Grenoble, affaire Noir à Lyon, affaire Botton, affaire des lycées d'Ile de France, affaire Gifco...L'affaire Carignon est très illustrative : la Lyonnaise des eaux, proche du RPR, propose à Alain Carignon de financer une de ses campagnes si celui-ci accepte de leur accorder le marché public de la gestion d'eau à Grenoble; pour les lycées d'Ile-de-France un pourcentage des marchés était accordé aux principaux partis de gouvernement français; dans l'affaire Gifco l'argent était détourné au profit du PCF.
Depuis la loi de décentralisation de 1982 les possibilités de pression sur les élus sont nombreuses : ainsi les multinationales de l'eau offrent des voyages d'études aux élus pour qu'ils aillent visiter à leur frais leurs installations dans les Antilles ou dans d'autres destinations exotiques. De quoi convaincre. Sinon les cadeaux sont possibles comme la fabrication de piscines privées. A Rennes un audit a été fait sur le coût de l'eau qui prouvait que celle-ci était moins chère en régie municipale, publique. Cela n'a pas empêché la municipalité de signer un contrat de dix ans avec Véolia...
Une autre pratique : les droits d'entrée comme ce fut le cas à Toulouse ou à Tarbes. Le système consiste à payer une forme de droit pour exploiter la gestion de l'eau d'une ville. Cette transaction est affectée au remboursement de la dette d'une ville, de quoi paraître comme un bonne pratique. Dans les faits ces droits d'entrée sont des prêts, d'ailleurs interdits par loi Barnier de 1995, dont le taux est souvent à deux chiffres. De quoi engraisser les multinationales par une rente déguisée.
Mais les multinationales ne sont pas toujours des racailles en col blanc : afin de convaincre les élus elles rédigent des argumentaires et usent des méthodes de communication proche des commerciaux pour mieux manipuler leurs clients.

Le modèle parisien

Paris et l'Ile-de-France sont la parfaite illustration de l'opacité et de la corruption régnant dans le domaine de l'eau. L'eau est gérée par un groupement d'intérêt économique, la SAGEP, gérée à 70 % par la ville de Paris et à 15 % par Suez et Vivendi, et surtout noyautée par des représentants des multinationales de l'eau.
La chambre régionale des comptes met en cause des surfacturations, des anomalies comptables (services commerciaux avec des factures doubles à celle des autres villes), des anomalies matérielles (la SADE qui gère le remplacement des compteurs d'eau dont le remplacement est double à celui des autres villes). Pourtant le syndicat local de l'eau, le SEDIF, est dirigé par le vertueux André Santini, actuellement mis en cause dans une affaire judiciaire.
Au final le prix de l'eau à Paris a augmenté de + 123 % en quelques années... Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir un audit a été fait sur ces contrats, tout comme une remise en cause de la rente dont bénéficient Suez et Vivendi.

L'eau, une marchandise comme les autres?

L'eau est un bien particulier : son caractère vital en fait un bien plus précieux que toute marchandise ou que toute drogue.
Profitant de ce statut les multinationales ont profité des forums mondiaux de l'eau pour en faire non pas un « droit » mais un simple « besoin ». Profitant de la complicité des institutions internationales, elles en ont profité pour faire de l'eau une marchandise hautement rentable.
D'un côté la Nature, bien commun à l'humanité, se retrouve propriété de groupes privés : des groupes privés comme Coca Cola, Pepsico ou Nestlé deviennent ainsi propriétaires de nappes phréatiques qu'elles rachètent. Certaines questions méritent d'être posées : à qui appartient l'eau douce? Fait-elle partie du domaine public? Et quand on voit que Coca Cola ou Pepsico payent un cent pour prélever l'eau qu'elles facturent un dollar (soit cent fois plus), des questions méritent d''être posées.
Des déviances apparaissent : à l'exemple d'entreprises comme Saint Gobain qui se sont enrichies grâce à l'amiante, avant de s'enrichir grâce à la lutte contre l'amiante, les multinationales de l'eau s'enrichissent grâce à des filtres anti-plomb alors qu'elles commercialisaient une eau contaminée par le plomb; de plus des courtiers en eau apparaissent : l'eau est devenue une marchandise comme les autres, à la différence près qu'elle est vitale.

L'eau au niveau international
Au niveau international la gestion de l'eau apparaît aussi scandaleuse.
Comme on l'a vu les institutions internationales accordent leur prêt et le rééchelonnement de la dette à la condition d'une privatisation des services de l'eau.
L'eau est parfois motif de guerre comme au Moyen-Orient : Syrie et Israël s'affrontent concernant la propriété du Golan qui outre son intérêt stratégique a un intérêt aquifère; 40 % des réserves d'eau israéliennes sont situées dans les territoires occupés palestiniens; par le biais de restrictions, les Israéliens consomment trois fois plus d'eau que leurs voisins palestiniens.
Ces inégalités apparaissent aussi au niveau international : un parisien consomme la moitié d'eau que consomme un californien et dix fois plus qu'un africain. Au niveau national certains pays touristiques (Tunisie, Indonésie) coupent l'eau pour les autochtones afin de favoriser les touristes (par exemple pour arroser leurs terrains de golf). En Afrique du Sud les ghettos noirs sont défavorisés en eau quand les terrains agricoles blancs sont favorisés au nom de l'agriculture.

Des solutions pour mieux gérer le problème de l'eau

D'un point de vue général, le modèle français doit être remis en cause : dans toutes les communes où l'eau est gérée en régie municipale, le tarif de l'eau est inférieur à leurs voisines dont la gestion de l'eau est confiée au privé. Il faut donc remunicipaliser la gestion de l'eau.
D'un point de vue fiscal il faut imposer une écofiscalité pour aboutir au principe pollueur-payeur, voire instituer une fiscalité mondiale.
Concernant l'accès à l'eau, à l'exemple de la ville de Durban en Afrique du Sud où les six premiers mètres cubes d'eau sont gratuits, il convient d'instituer la gratuité universelle pour l'accès à un minimum vital d'eau; il convient d'instituer un droit à l'eau pour tous, de le considérer comme un droit de l'homme.
Au niveau international, beaucoup reste à faire : 11 milliards d'euros sont consacrés à l'eau alors que 1 100 milliards sont utilisés pour les armes. Il est possible d'instituer un fonds coopératif de l'eau, de rénover la PAC pour qu'elle favorise l'agriculture écologique et non l'agriculture productiviste comme actuellement, d'instituer des règles pour imposer une « paix de l'eau ».
Afin de lutter contre l'affairisme, l'opacité et le manque de transparence, il convient de renforcer le pouvoir des chambres régionales des comptes, d'augmenter les moyens financiers et humains des polices des eaux chargées des contrôles, de légiférer sur le lobbying (que ce soit dans les institutions comme les agences de l'eau ou dans le domaine privé), d'appliquer les législations Sapin et Barnier qui imposent des comptes détaillés aux multinationales de l'eau.
Afin de lutter contre les gaspillages, notamment dans le domaine agricole, il convient de faire de la prévention (pour favoriser les systèmes d'irrigations efficaces tels le goutte à goutte contre des systèmes générateurs de gaspillage, ou favoriser les productions avares en consommation d'eau), imposer une législation pour concilier progrès économique et impératifs écologiques.
ACME (association pour un contrat mondial de l'eau) se fixe cinqs objectifs : faire reconnaître l'eau comme un bien commun patrimoine de l'humanité, faire reconnaître un droit d'accès à l'eau pour tous (40 litres d'eau potable par jour et par habitant), un financement public international (aide au développement, impôt mondial), une gestion publique de l'eau et la création d'un service public mondial de l'eau.
La fondation France Libertés, dirigée par Danielle Mitterrand propose le respect de trois principes : un droit à l'eau libre, potable et gratuite.
L'association Blue Planet Project propose un traité pour légiférer sur l'eau avec pour principes : l'eau n'est pas une marchandise, elle est un patrimoine commun, doit être préservée, le public doit participer aux décisions la concernant, instituer des conseils locaux de gestion de l'eau.
Comme on le voit beaucoup reste à faire et surtout beaucoup reste à dire à l'encontre des multinationales de l'eau et des institutions mondiales qui par leur manque de transparence, leurs méthodes de corruption, leur lobbying font de l'eau, bien vital, une marchandise. Face à cette situation nous n'avons pas qu'un devoir de victoire, nous avons aussi un devoir de parole et de dénonciation. Attendons donc que Raël ait réussi à
cloner des êtres humains pour pouvoir cloner Erin Brockovitch. Le combat ne fait que commencer.