mardi 16 octobre 2007

GASTON FLOSSE, L'HOMME QUI VOULAIT ETRE ROI

Réalisé en 1975 par John Huston, avec pour acteurs principaux Sean Connery et Michael Caine, « L'homme qui voulait être roi » est l'adaptation cinématographique d'une oeuvre de Rudyard Kipling. Ce film raconte l'histoire de deux soldats britanniques qui partent à l'assaut d'un pays, le Kafristan, dans le but de créer leur propre royaume. Suite à un pseudo miracle un des deux soldats, Daniel Dravot (Sean Connery), y est proclamé roi.
Si l'oeuvre de Rudyard Kipling, publiée en 1888, n'est pas inspirée de la vie de Gaston Flosse, né en 1931, une observation attentive du personnage de Gaston Flosse et de sa gestion de la Polynésie Française pendant des années justifie ce titre d'homme qui voulait être roi au vu de son autoritarisme, de son mépris des contrepouvoirs et de son sentiment d'impunité à l'égard de la justice.
Cette étude est un résumé de l'ouvrage de Séverine Tessier « Polynésie : les copains d'abord ».

Gaston Flosse et sa biographie

Né en 1931, il a commencé sa carrière comme instituteur avant de devenir assureur. C'est au cours de cette expérience qu'il rencontre Albert Moux, co-propriétaire du quotidien Les Nouvelles de Tahiti et Louis Wan, grand entrepreneur notamment dans le domaine de l'hôtellerie. Des amitiés qui s'avèreront utiles ultérieurement.
Il entre au parti gaulliste en 1958 et entame une carrière politique brillante : maire de Pirae (1965-2000), membre et président du parlement local (1965 puis 1967). En 1984 il devient parlementaire européen et en 1986 secrétaire d'Etat au Pacifique sud du Gouvernement Chirac. De 1984 à 1986 et de 1991 à 2004 il est président du gouvernement de la Polynésie française.
A titre purement informatif signalons qu'en 1996 il a reçu le Grand croix de l'Ordre de Tahiti Nui...ordre créé par lui-même et que Jacques Chirac, ami de trente ans, est le parrain d'un de ses enfants prénommé Jacques.

Quand le roi confond argent public et argent de poche

En 1996, suite à l'arrêt des essais nucléaires, un accord est signé entre la France et la Polynésie qui accorde une aide annuelle de 150 millions d'euros à celle-ci. Quelques semaines après sa réélection en 2002, Jacques Chirac octroie en plus une nouvelle aide de 840 millions d'euros.
Bien que la pertinence de cette aide soit contestée au sein même des Polynésiens, c'est surtout la gestion de celle-ci qui est contestable : selon l'accord de 1996 celle-ci ne bénéficie d'aucun contrôle public sur la destination et l'utilisation de ces fonds qui sont gérés de manière discrétionnaire par Gaston Flosse.
En effet l'attribution de ces aides est un formidable moyen de pression : ainsi la commune de Faa'a, la plus peuplée et la plus plus pauvre de l'archipel, dirigée par Oscar Temaru, opposant de Gaston Flosse, n'a jamais reçu un centime de subvention, ce qui est le cas de quasiment toutes les communes de couleur politique différente de celle de Gaston Flosse. Par contre la commune de Pirae, dirigée pendant 35 ans par Gaston Flosse reçoit de grâcieuses subventions tout comme celles où se situent ses résidences secondaires.
Ce moyen de pression s'exerce aussi dans le monde associatif où seules les associations qui soutiennent la politique de Flosse bénéficient d'aides. Et Gaston Flosse n'est pas ingrat : ainsi un grand festival - « Tahiti Nui 2000 » - permet à de nombreux de ses amis de bénéficier de subventions publiques pour des opérations culturelles.
Mais surtout Gaston Flosse a tendance à utiliser l'argent de poche à son profit personnel. Ainsi la Sétil, société d'aménagements du territoire, a effectué des travaux publics...au profit de Gaston Flosse! La liste est longue : construction d'une route sur fonds publics pour désenclaver une propriété privée de Gaston Flosse (Erima); en 2001 Gaston Flosse procède à l'achat d'une île, Tupai, sur des fonds publics dans un but touristique, hors cette île devient partiellement une extension du Palais présidentiel, une sorte de résidence secondaire pour Flosse, et partiellement un lotissement pour milliardaires : une piste d'avion pour l'avion personnel de Flosse est installée grâce à des fonds publics qui servent aussi aux frais de personnel, l'entretien du domaine est effectué sur fonds publics par un personnel au statut flou, le GIP. Même méthode sur l'atoll de Fakarava (piste d'aviation payée par des fonds publics pour l'accès à une résidence de luxe de Flosse), travaux publics pour une autre résidence (Pare)...

Quand gestion rime avec clientèlisme

Le copinage s'exerce aussi dans les marchés publics. Ainsi à l'arrivée au pouvoir de Temaru, un audit financier a été fait sur les finances publiques. Selon celui-ci de nombreux marchés publics ne nécessitent aucun document décrivant les procédures, aucune étude préalable, Emile Vanfaste, Ministre des Finances d'alors compare la passation de marchés publics à une commande de pizza. Par ailleurs de nombreux intervenants, délégataires avec des comptes jamais clairs (untel s'occupe de la paie, un autre des congés payés, un autre des heures supplémentaires...).
Le clientèlisme s'exerce aussi en matière fiscale car la fiscalité est particulièrement avantageuse pour les nantis : il n'y a pas d'impôt sur le revenu, l'impôt sur les sociétés est faible et surtout depuis la loi Pons les investissements en Outre Mer sont defiscalisés ce qui fait de la Polynésie française un quasi paradis fiscal.
Même générosité orientée dans l'attribution de cadeaux fiscaux : alors que l'archipel est endetté, il accorde des cadeaux fiscaux pour la construction d'hôtels (dont le leader local en la matière est Louis Won, un ami), les titulaires de paquebots, les constructeurs immobiliers, les créateurs d'entreprises, les acheteurs de nouvelles autos (la « flossette »?).
Dans ce système, les copinages sont un excellent moyen de pression sur les entreprises privées et les associations. Outre les subventions attribuées de manière sélective et discrétionnaire, quelques cas illustrent parfaitement la gestion Flosse : ainsi l'épouse d'une personne ayant attaqué maintes fois le système Flosse en justice, Monsieur Conroy, s'est vu refusé de nombreuses fois le droit d'exploiter une ferme; par ailleurs la Polynésie a établi elle aussi ses emplois jeunes dont elle a confié la gestion et l'attribution au mouvement de jeunesse politique proche de Flosse! Un peu comme si Lionel Jospin avait confié l'attribution des emplois jeunes au MJS... ces emplois seront notamment affectés dans des communes dirigées par des proches du
parti de Gaston Flosse.
Et Gaston Flosse n'est jamais infidèle en amitié : ainsi il profite des services de son VRP de luxe, Jacques Chirac, pour faire la promotion de la production perlière et du savoir-faire hôtelier de son ami Robert Won lorsque l'ami Jacques se déplace en Chine ou au Japon.
Ce favoritisme touche aussi les organes publics : ainsi chaque commune se voit attribuer des quotas de logements à distribuer hors critère. Les élus bénéficiant de ces dérogations correspondent quasiment à la liste des soutiens de Gaston Flosse à chacune de ses campagnes.
Dans le même temps le salaire moyen des Polynésiens est de 1 000 €, 30 % d'entre eux sont illettrés, le coût de la vie est particulièrement élevé et il n'y a pas d'allocations chômages.

Quand le roi prends des libertés avec la démocratie

Afin de maintenir sa politique le roi Gaston Flosse Ier a pris soin de se prévenir de cet affreux virus qu'est la démocratie.
Politiquement la loi d'autonomie de 2004 lui permet de disposer de pleins pouvoirs, et de ne plus avoir pour obstacle le contrôle de l'Etat. Il bénéficie d'un droit de dissolution sur l'assemblée, d'un pouvoir de nominations dont il abuse afin de placer à des postes clés ses amis si possibles maléables. Une députée, Danièle Peirsegaele, raconte aussi qu'elle fut contactée par un mystérieux interlocuteur qui voulait la rencontrer; au final un rendez-vous est fixé dans un lieu discret, Danièle est alors abordée par un ex-miss Tahiti, Thérèse Hamo, qui au bout de quelques rendez-vous lui propose de soutenir le parti de Flosse en contre-partie d'une mairie aux futures municipales. Malheureusement pour Gaston Flosse Danièle a enregistré ces conversations sur un magnétophone transmis à la justice.
Le contrôle des opérations électorales doit aussi être revu car au vu des votes le civisme de certains Polynésiens devrait être montré comme un exemple : certains votent sur plusieurs lieux de vote, dans certaines communes il y a même des personnes décédées qui voteraient!
Gaston Flosse et sa clique ont aussi réussi à étouffer partiellement le contre-pouvoir médiatique : la technique consiste à multiplier les procès contre les journaux libres, ainsi l'Echo de Tahiti, la Tribune Polynésienne, Tahiti Matin ou Télé Fenua ont coulé suite à ces attaques au portefeuille qui ruinent les opposants du fait de la multiplication des frais de justice. Le pluralisme est atteint d'autant que les rares médias restants sont aux mains de « Citizen » Hersant ou d'Albert Moux (Les Nouvelles de Tahiti), ami de Gaston Flosse. Cette proximité se ressent sur certains articles ou le comportement de certains journalistes. A l'approche d'échéances électorales le gouvernement achète aussi plus de pages publicitaires légales aux médias, pour bien signifier la dépendance de ceux-ci à cette manne. Lors de ses conférences Gaston Flosse refuse certains journalistes trop indépendants (malgré des condamnations du tribunal adminstratif pour atteinte à la liberté de la presse) et tient l'AFP locale. C'est un peu comme si Nicolas Sarkozy tenait dans ses mains l'AFP... Il existe aussi des méthodes de censure : ainsi un numéro de Libération dans lequel Oscar Temaru condamnait le système mafieux Chirac-Flosse fut saisi , certaines émissions (les Guignols de l'info, le Vrai journal) sont parfois partiellement censurées : ainsi un reportage du Vrai journal sur la mort d'un journaliste polynésien, « JPK », fut complètement brouillé. Quant à la chaine privée, TNTV (appelée « télé Flosse »), elle a été maintes fois rappelée à l'ordre par le CSA pour son traitement partial de l'information : ainsi en 2004 elle a quasiment fait campagne pour Gaston Flosse.
Même soucis démocratique concernant la Justice. Ainsi en 2002 de nombreux proches de Jacques Chirac ont été nommés comme magistrat. Citons ainsi le cas de Michel Marotte, pourtant critiqué par la ligue internationale des droits de l'homme pour ralentir les dossiers politico-judiciaires lorsqu'il officiait à la Réunion. Un rapport de la fédération internationale des droits de l'homme a aussi critiqué le manque de moyens, la lenteur des procédures, la difficulté d'accès des plus pauvres à la justice. Le rapport insiste notamment sur un traitement à deux vitesses des justiciables : ainsi la délinquance financière bénéficie d'un traitement de faveur car les affaires aboutissent souvent à des classements sans suite. Concernant le traitement des dossiers, Yves Conroy et Jacky Bryant attendent depuis huit ans l'instruction de leur plainte concernant la gestion de la commune de Bora Bora.
Enfin la gestion de la police locale amène quelques interrogations : à côté des forces traditionnelles, une force spéciale, le GIP (groupement d'intervention de la Polynésie) a été crée en 1995. Selon ses statuts quelque peu flous cette entité est un croisement entre la DDE et les pompiers. Dans la réalité elle rappelle par ses pratiques le service d'action civique de de Gaulle : elle ressemble à une milice privée de Flosse financée par des fonds publics. Elle se caractérise par ses menaces (vis-à-vis de journalistes), ses intimidations, et accessoirement pour entretenir la résidence de Tupai de Flosse. Ses effectifs seraient le double des forces de police « légales ».

Quand la Polynésie devient la Polynésie sur Seine

La gestion de la Polynésie ressemble parfois à celle de la Mairie de Paris, période Chirac-Tibéry, ou à celle des Hauts-de-Seine. Comme pour eux les comptes donnent l'impression d'un fouillis alors qu'il s'agit de techniques comptables élaborées qui permettent la dispersion de l'argent public par la multipliucation de comptes, de sociétés mixtes et d'intermédiaires.
Signalons tout d'abord, à titre purement informatif, que le budget de la présidence de Polynésie est de 29 millions d'euros pour un archipel de 250 000 habitants contre 32 millions pour l'Elysée pour un pays de 60 millions d'habitants. Supermenteur a-t'il trouvé plus fort que lui?
Dans son palais Flosse emploie 629 personnes. Arnaud Montebourg y dénonce des emplois fictifs : des postes tels que des piroguiers, des ex-miss Tahiti recyclées, des surfeurs, des chanteurs, un curé ou un boxeur! Tous bien rémunérés. A Papeete mêmes effectifs pléthoriques surémunérés. La commune a aussi payé des frais de déplacements pour des fonctionnaires afin qu'ils visitent les lieux touristiques d'Asie du Sud-Est...
Nous avons vu aussi plus haut l'utilisation de fonds publics pour des travaux d'équipements privés. La Sétil, société d'aménagement du territoire (anciennement dirigée par Gaston Flosse), est souvent mise en cause : ainsi elle fait preuve d'un favoritisme dans le choix de ses partenaires, souvent proches du pouvoir. Dans la commune de Pirae, longtemps dirigée par Gaston Flosse et actuellement dirigée par son gendre, un contrat a été signé avec le groupe Bouygues, historiquement lié à la droite, pour la construction d'un hôpital qui devait initialement s'appeler le centre hospitalier « Jacques Chirac »!
Mise en cause aussi, la Socrédo, banque de développement locale. A l 'exemple du Crédit Lyonnais celle-ci a accordé à perte des prêts colossaux à des notables locaux. Parmis eux Tonita Flosse, femme de Gaston Flosse, mais aussi leur fils Réginald qui bénéficieront ainsi de crédits gratuits.
Comme à Paris, la constitution de sociétés d'économie mixte privée-publique permet d'attribuer la gestion de services (tourisme, habitat, audiovisuel, pêche...) à des amis proches du pouvoir.
Quand le roi rencontre l'UMP Gaston Flosse justifie complètement son étiquette politique : son engagement politique gaulliste se justifie dans ses pratiques si communes à celles du parti gaulliste sous la Cinquième République.
Ainsi Frédéric de Saint Sernin, proche de Jacques Chirac et ancien collaborateur d'Alain Carignon à la mairie de Grenoble, qui est « chargé de mission » auprès du Président de Polynésie française, poste qu'il occupe...à Paris.
Même situation pour Jean-Jacques de Peretti rémunéré 36 000 € pour une mission de six mois pour promouvoir l'image de la Polynésie. Le 11 octobre 2001 il signe une convention pour un poste de consultant rémunéré 53 000 €, la convention prévoit que le rapport soit publié le 30 septembre, soit avant la date de la convention! (par ailleurs il est précisé que dans ce rapport doit être fait la promotion de la perle, domaine où Louis Won, ami de Flosse, excelle) Signalons qu'une autre étude a été réclamée dans le même temps à une autre société sur le même thème pour un montant de 124 000 €. Malgré cet emploi à plein temps, Jean- Jacques de Peretti a pu assumer des postes de maire de Sarlat (en Dordogne), de président d'une communauté de commune et de conseiller régional.
D'autres membres de l'UMP bénéficieront d'emplois de chargés de mission fictive. Une autre méthode de détournement consiste à créer des bureaux d'étude bidons, et à placer des amis à la tête de sociétés mixtes (EDT, SEP, SAGEP, TSP...).
Le marché de l'eau permet aussi un affairisme made in UMP. 70 % du marché de l'eau mondial est aux mains de deux groupes, à savoir Suez et Vivendi-Véolia. Le groupe Suez, appelé Lyonnaise des Eaux avant ses affaires judiciaires avec Alain Carignon, Botton, Maillard ou les lycées d'Ile-de-France, fut dirigée pendant vingt ans par Jérôme Monod, devenu ensuite conseiller de Jacques Chirac. Selon la chambre territoriale des comptes Suez bénéficie de marchés dans des conditions douteuses, bénéficie d'un quasi-monopole dans la distribution de l'eau et profite de cette situation : dans les communes où l'eau est gérée par Suez le prix de l'eau varie du simple au double par rapport aux communes où elle est gérée en régie municipale! Les
contrats sont parfois étonnants (conventions signées pour des durées dérogeant aux pratiques communes).
De plus l'énergie en Polynésie (gérée par EDT en société d'économie mixte) est une des plus chère du monde.
Les ordures sont gérées par une filiale de Suez, la SEP, qui les enfouis au mépris des obligations légales.
Le pétrole passe par les mêmes circuits (gérés par Total-Fina) et donne lieux à diverses anomalies (double facturation, évasion fiscale...). La gestion locale est confiée à Albert Moux, ami de Gaston Flosse.
Une affaire - la SEMPAP – mettra aussi en lumière des détournements réalisés entre la Polynésie et la mairie de Paris de la grande époque. Une personne mise en cause dans cette affaire se serait vanté auprès de policiers que cet argent servait au financement des campagnes de Jacques Chirac ou du RPR.
Par ailleurs des indices d'un système d'écoute téléphonique ou d'espionnage numérique ont été dénoncés.
Saluons aussi le comportement de Brigitte Girardin, ex-ministe de l'Outre-Mer, qui a appelé un élu pour condamner le fait qu'il n'ait pas voté pour Gaston Flosse lors de l'investiture et menacé que « la France fermele robinet » si celui-ci était battu.

Quand le roi affronte la Justice

Une des légendes guyanaises les plus populaires est celle de D'Chimbo, meurtrier d'origine africaine du 19ème siècle, qui échappait régulièrement aux forces de police. La légende affirmait qu'il bénéficiait de pouvoirs occultes lui permettant d'échapper à la justice des hommes.
Gaston Flosse est un peu le D'Chimbo de la délinquance financière : il est très régulièrement mis en cause dans des affaires judiciaires, mais tel D'Chimbo il échappe miraculeusement à la justice : il est un des recordman français des non lieux, des classements sans suite, des actions atteintes par la prescription ou vice de forme. Séverine Tessier le qualifie d'objet judiciaire non identifié. Les chefs d'accusation sont nombreux : abus de biens sociaux, trafic d'influence, faux et usage de faux, prise illégale d'intérêt, emplois fictifs, financement occulte. Notons que le Haut-Commissaire, représentant de l'Etat français en Polynésie, aurait dû inscrire certains délits au casier judiciaire et surtout obliger Gaston Flosse à démissionner – ce que prévoient ses statuts - mais aucune de ces deux obligations n'a été respectée.
En mai 2001 il est condamné à une illégibilité, mais la Cour de cassation se réunit peu après en urgence pour casser cette condamnation à la veille d'élections où il se présente.
Les affaires judiciaires sont aussi une affaire de famille puisque son épouse Tonita et son fils Réginald ont été mis en cause pour des délits financiers en relation avec la banque Socrédo. Dans une autre affaire mettant en cause son fils, Gaston Flosse avait fait racheter par la collectivité publique une propriété à un prix très avantageux pour le propriétaire, qui se trouvait être son propre fils.
Gaston Flosse est défendu par ailleurs régulièrement par un avocat, Maître Francis Szpiner, avocat d'Alain Juppé, de Jacques Chirac, de Dominique Baudis, de Didier Schuller, de Christian Nucci, de l'Etat de Djibouti (dans l'affaire du « suicide » du juge Borrel) et naguère adversaire politique d'Arnaud Montebourg lors des élections législatives de 2002.
Dernière affaire et non des moindres, même si elle ne vise pas directement Gaston Flosse, l'affaire JPK. Jean-Pascal Couraud, dit JPK, ancien rédacteur en chef des Nouvelles de Tahiti, était un ennemi acharné de Gaston Flosse et a sorti quelques affaires le mettant en cause. Trois mois après avoir fini une nouvelle enquête sur Gaston Flosse, celui-ci est retrouvé mort. La police conclut au suicide. Hors un ancien membre du GIP a déclaré devant un procureur qu'il s'agissait d'une élimination. Un journaliste qui a enquêté sur cette affaire a reçu un mystérieux coup de fil l'informant que s'il continuait son investigation, « il subirait le même sort que JPK ».

Conclusion

Séverine Tessier qualifie la Polynésie française de base arrière du financement de l'ex-RPR, ce gang qualifié de gaulliste qui a tant changé de nom (UDR, UMP), mais dont les pratiques demeurent inchangées. Ce parti qui possède le quasi-monopole du pouvoir sous la Cinquième République, « sa » République, qui détourne des fonds publics (mairie de Paris, Hauts-de-Seine, Françafrique...) ou bénéficie de liens occultes avec des grands groupes privés (Suez, Elf...).
Afin de lutter contre ces pratiques des mesures s'imposent : instaurer une vraie transparence et un vrai contrôle des comptes publics, suspendre de marchés publics les entreprises mises en cause dans des affaires de corruption, inéligibilité définitive pour des élus condamnés pour délits financiers.
Pour ce qui est du système Flosse, son gendre Edouard Fritch a été élu président de l'assemblée territoriale de Polynésie en avril 2007 : rien de nouveau sous le soleil, l'histoire recommence.
Dans le film « L'homme qui voulait être roi », le personnage joué par Sean Connery finissait par se persuader qu'il était un dieu. Espérons que la réalité ne dépassera pas la fiction.

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